Lakamora de l’ex-Double Kanon présente “The best of on live”

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Il est presque minuit. Nous saluons dans quelques minutes les premières heures du week-end, 16 mars 2005. Ça chauffe à blanc dans le hall. Une foule bigarrée, fourmillante pousse le grand portail d’Ibn Khaldoun, se bouscule et se faufile illégalement et précipitamment pour accéder au concert de Lakamora de Lotfi, ex- Doube Kanon. « Entrer sans frapper » est l’une des règles principales pour se sentir dans sa peau et bien écouter le rap! Mais cette fois-ci, c’est raté pour ceux qui sont venus en dernier. La fin du concert s’annonce. Les « zaouali » des quartiers populaires d’Alger (les jeunes marginalisés de la société), ratent sa majesté de quelques secondes.Qui a dit que le rap n’avait pas son public à Alger? Ce genre populariste est bien populaire. Une heure et demie avant l’ouverture du spectacle qui était prévu à 21H00, les meilleures places sont toutes occupées. Jeunes et moins jeunes. Algériens et étrangers ont répondu présent. Toutes les catégories de gens sont venues écouter Lotfi en « live ».20H55, la salle est archi-comble. Après une belle éclipse de la scène algéroise, le Bônois et ses DJ brisent le son des sifflets et des applaudissements par une entrée de refrains des meilleurs tubes de lustre dernier du « Braek-dans » universel avant de s’aligner devant le public et le saluer avec bravoure. Tout le monde se lève et applaudit sans cesse leur idole. Des jeunes l’acclament par la suite à leur façon en brandissant son poster. Le public d’ex-Double Kanon est survolté et surexcité. Chacun revendique son titre préféré. »Bonjour Alger. Vous êtes prêts? Ça va bouger, je vous le promets. Secouez-moi cette salle. Ah ! non, j’entends rien! Vous me rappelez le public oranais. Encore. Je veux écouter les filles. Oui, c’est ça ! Montrez-leur que vous êtes les plus fortes… », s’adresse Lotfi avec sympathie aux présents avant d’enchaîner par les seconds morceaux sous l’exécution des combinaisons des tons musicaux produits par les DJ. Lotfi brûle à cet instant précis la piste avec des tours chorégraphiques et de  » lecture  » de textes cent pour cent rap. Le roi du rap algérien offre un « best of  » torride de l’ex- Double Kanon.Qui ne peut pas être touché par ces mots crus et amers ? Des mots prononcés avec ardeur sur un ton révolté, témoignant le quotidien des gens. Le rap de Lotfi est salué avec grâce par ses fans qui vivent dans des ghettos, dans les rues. D’autres qui jouissent d’un mode de vie plus luxueux mais vivent pour leur part dans leur propre univers, peut-être plus obscure et funèbre. » Ana éditeur, nta chanteur arouah n cheroublek demék « ,  » Bled Miki  » et plusieurs autres titres qui ont fait tabac dans le répertoire du rap algérien, ont été au programme. Lotfi et ses compagnons ont joué à l‘aise. Même si les textes ont tapé fort, cela n’a pas influencé les nombreuses foules des jeunes pour semer la pagaille. Les jeunes de Bab-El Ouad, de Soustara, d’Hussein-Dey et d’autres qui sont venus des quartiers populaires d’Alger ont assisté au concert avec civisme. Evidemment, pas comme on écoute une symphonie classique, mais il faut souligner que le rap est proprement écouté à Alger même si quelques-uns ont essayé de changer l’atmosphère, ils sont loin de ressembler aux amateurs du rap des Etats-Unis d’Amérique, de ceux de Philadelphie, de Chicago, des rues de Brooklyn, précisément dans les ghettos des Noirs américains où ce genre musical est né et devenu par la suite une guérilla.

Fazila Boulahbal

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