«Il est difficile de faire un documentaire fiction»

Partager

Méconnue chez elle, malgré un riche et très éloquent CV, Fatma-Zohra Zamoum, romancière, fait, pourtant, partie de ces rares femmes algériennes qui se comptent sur les doigts d’une seule main et dont s’honore le cinéma national.

C’est au lendemain de la diffusion, par la chaine TV « Canal Algérie », du documentaire historique intitulé « Azib Zamoum, histoire de terres », dans la soirée du vendredi passé que de nombreux lecteurs de notre quotidien, notamment à M’Kira,Tizi-Ghenif et Draâ-El-Mizan, nous ont approchés pour nous demander de leur fournir plus de détails sur cette réalisatrice et productrice kabyle dont ils ne connaissent rien. Aussitôt contactée, Fatma-Zohra Zamoum n’a pas hésité à nous accorder cet entretien .

La Dépêche de Kabylie : A la suite de la diffusion de votre documentaire fiction : « Azib Zamoum, histoire de terres », sur la chaine TV «Canal Algérie», de nombreux lecteurs de notre journal voudraient vous découvrir et vous connaître, donc, puis–je vous demander de vous présenter à nos lecteurs ?

Fatma-Zohra Zamoum : Tout d’abord permettez-moi  de remercier chaleureusement tous les lecteurs du quotidien «La Dépêche de Kabylie », comme je salue toute son équipe rédactionnelle. En fait, je suis originaire de Laziv N’Zamoum, actuellement dénommée « Naciria », mes parents s’étaient établis aux Isser.Pour mes études supérieures, j’avais opté pour l’Ecole supérieure des beaux-arts d’Alger, avant de venir à Paris où j’avais à préparer un DEA « histoire de l’art, à La Sorbonne, puis suivra également une licence d’études cinématographiques et audiovisuelles, toujours à La Sorbonne. Enfin, pour clore ma formation, j’avais entrepris de suivre un stage de prise de vues à l’Ecole de l’image «Les Gobelins ».

Donc, vous aviez commencé à travailler et à gagner votre vie dans le cinéma ?

J’ai débuté en 2002 comme lectrice au CNC, puis comme enseignante en cinéma et histoire de l’art à l’université Paris VII.

Tout en vous lançant dans la réalisation cinématographique, n’est ce pas ?

Effectivement, à mes débuts, j’avais commencé à réaliser et à produire des documentaires comme « Leçon De Choses » en 1996, «La Maison  Du Roy  Adzak » en 2004, « La Pelote De Laine» en 2005, ainsi que celui consacré au grand cinéaste sénégalais Ousmane Sembene dans « Le docker Noir », alors que pour les longs métrages, je citerai « Kedache Ethabni », « Z’Har » ainsi que « Râjasthâni Ra » qui est en développement.

Parlez-nous, si vous voulez bien, d’« Azib Zamoum, histoire de terres », c’est le titre de votre dernière réalisation et production que les téléspectateurs viennent de découvrir à l’écran, d’autant plus qu’il s’agit bien d’un documentaire historique et que ce genre de travail n’est pas aussi  facile à réaliser…

Omar ben Zamoum est le quatrième fils d’Hadj Mohamed Zamoum, d’ailleurs son autre frère Ali a mené le même combat que lui, mais je perds sa trace à Bouzaréah où il a acheté une propriété. Omar ben Zamoum est né en 1835, mais je n’ai pas encore obtenu son acte de décès, j’ai trouvé des traces, le concernant, qui remontent jusqu’en 1892.

Pour revenir au début de votre question, c’est vrai qu’il est difficile de faire un documentaire fiction en général et un documentaire fiction historique encore plus. La preuve, il ne s’en fait pas tant que ça en Algérie. Cependant, je dois avouer que toutes ces histoires qui se rapportent à la famille Zamoum sont des histoires faciles pour moi, car c’est l’histoire de ma famille, mais je n’ai jamais pensé à la raconter ou à en faire un projet de film, car il y a tellement d’autres choses à raconter et qui se passent aujourd’hui, mais avec l’âge je crois qu’on apprend à honorer les anciens. Ce qui m’a touchée chez Omar ben Zamoum, c’est son acharnement envers l’appareil administratif quand il risquait de se faire exproprier de ses terres. Je voulais rendre hommage à cet effort de dialogue civilisationnel qu’il a fait. Il a compris les moyens utilisés par l’administration coloniale et il les a utilisés. Pour revenir à tous ceux qui m’ont aidée, et que je remercie infiniment pour cela, par le biais de « La Dépêche De Kabylie », ce sont les gens de la région de Boumerdes entre techniciens, citoyens et familles. Ils étaient tous très motivés. D’un point de vue institutionnel, par contre, c’était uniquement la télévision algérienne. Même le Ministère des Moudjahidines, chez qui j’avais déposé le dossier pour financement, en septembre 2012, ne m’a  jamais répondu. Par contre à Naciria, les responsables locaux  ont été attentifs au projet et j’espère que le film participera  d’une façon ou d’une autre à la fierté historique locale. Cette histoire et beaucoup d’autres disent la dignité ô combien, des habitants de cette région, c’est une forme de civilisation qui n’a rien à envier à d’autres.

En plus d’être réalisatrice et productrice, vous êtes également romancière, pouvez-vous nous citer vos publications ?

Je peux vous citer : « L’Epine, contes kabyles, (Illustrations, 1997) », « A tous ceux qui partent, (1999) », « Le Vingtième Siècle dans la peinture algérienne, (2003) », « Comment j’ai fumé tous mes livres, (2006) », des écrits divers et des textes dans « Le monde diplomatiques et d’autres catalogues artistiques. »

Votre mot de la fin ?

Je remercie toutes les personnes qui ont demandé après moi, comme je remercie le journal « La Dépêche De Kabylie » pour tout ce qu’il fait  pour faire connaitre notre histoire, mais également pour la vulgarisation de la culture de notre région.

Entretien réalisé

par Essaid  Mouas

Partager