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Avant-première de “Une minute de silence”

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Nous ne sommes pas des héros et ne nous considérez pas comme tels, faites en sorte que d’autres mères ne soient pas déflorées et d’autres endeuuillées, tel est le “message-épilogue” que résume le film documentaire de 26 minutes “Une minute de silence” projeté à la Maison de la culture de Tizi Ouzou en présence de la réalisatrice Razika Mokrani. Diplômée de l’école supérieure des métiers de la scène et de l’audiovisuel. Razika Mokrani a déjà réalisé “Racine ou la quête de l’être” qui a obtenu le prix d’interprétation du 4e Festival d’Oran organisé par le HCA.“Une minute de silence”, réalisé en juin 2005, retrace l’après événement, l’impact et les conséquences des événements de manière dramatique. “Le film ne m’appartient pas. Le mérite me revient d’avoir fait parler les victimes handicapées et les parents des victimes décédées. J’ai partagé avec eux la douleur et leur cri de cœur”, nous a confié la réalisatrice que nous avons rencontrée avant la projection du film. Quatre années après la tragédie, la douleur est encore vive. Les parents sont toujours inconsolables et ne comprennent pas comment leur progéniture s’est retrouvée tout d’un coup face à des balles explosives handicapantes et, dans la plupart des cas, tuantes. Pourtant, affirment les parents, ils ne sont ni des voleurs ni des assassins. Ils ont tout juste voulu dénoncer la hogra, la misère et un avenir incertain.Telle cette pauvre femme, de la région de Aïn El Hammam, qui a perdu son unique fils et qui se retrouve, aujourd’hui, à mendier, selon ses propres dires, après la mort de son fils. Habillée en haillons, elle a été filmée pleurant à qui veut la voir son fils Rezki… un poète de la région.Il y a encore ces images crues de jeunes handicapés à vie, dont un, amputé d’une jambe. Le film est loin, très loin d’être exhaustif. La plupart des séquences ont été tournées à Fréha, Larbaâ Nath Irathen et Aïn El Hammam. “Une minute de silence” peut être classé aisément dans la catégorie du film-documentaire engagé. Afin de tenter de donner une explication à ce qui s’est passé en 2001, la réalisatrice a voulu démontrer, images et sons tirés d’archives aidant, que la crise de Kabylie est bien antérieure à cette année fatidique inscrite en lettres de feu et de sang.Un extrait d’une allocution du président Houari Boumediène taxant la région de raciste et de séparatiste, a été montré au tout début du film. Invitée à situer dans le temps et l’espace cette intervention qui n’a jamais été entendue par le commun des citoyens jusque-là, la réalisatrice n’a pas pu dire quand, ni où le président défunt avait tenu de tels propos. Abondamment arrosé d’envolées lyriques, en arabe dialectal, du poète Slimane Benaïssa, la réalisatrice privilégie l’intervention directe des concernés de la tragédie, plutôt que se livrer à des commentaires. Des extraits de chansons du groupe Djurdjura, Ferhat Imazighen Imoula, ont accompagné la caméra à des moments savamment bien choisis, comme pour pallier l’absence de commentaires.Razika Mokrani qui ne compte pas s’arrêter sur ces deux expériences cinématographiques formidables, a plusieurs autres projets en tête. Il s’agit d’un autre film de 26 minutes “Celui qui vient d’ailleurs”, et une fiction sur le phénomène du suicide en Kabylie. Produite par “Gawa Production”, elle se dit prête à aller de l’avant, en dépit du manque flagrant de moyens. Le manque de bons scénarios, se pose avec acuité pour cette jeune réalisatrice. Le problème n’est pas propre à l’Algérie. Les cinémas italien et allemand sont les mieux pourvus en la matière. Pour conclure, la jeune réalisatrice a tenu à rendre un hommage “à ceux qui lui ont ouvert leurs cœurs. J’ai partagé la douleur avec eux”, elle remercie vivement le HCA pour sa contribution, tout en faisant appel à d’autres sponsors pour les projets à venir.

M. Ouanèche

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