Une diva s’en va !

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Incontestablement la grande diva de la chanson algérienne  Noura aura marqué notre jeunesse par sa voix chaude et mélodieuse, mais aussi par son élégance, sa prestance et sa pudeur. A elle seule, elle incarna cet espoir fou de l’Algérie  post indépendance avide de modernité d’émancipation, de liberté de la femme et de grandeur. Avec son mari, le virtuose Kamel Hamadi,   elle  symbolisait  tout un élan porté par une génération qui venait à peine de sortir d’une guerre atroce et qui aspirait à vivre  sous des auspices favorables à l’émergence du ‘’rêve algérien’’. Noura portait en elle cette vitalité d’un peuple renaissant, suite à plus d’un siècle d’effacement dû au colonialisme. Celui-ci aspirait à une vie décente faite de raffinements et de sentiments nobles. La grâce, le charme, le savoir-vivre étaient portés à leur  paroxysme par ce couple d’artistes, à part, dans le paysage  artistique algérien. Née en 1942 à Cherchel, Noura entama une carrière d’artiste très jeune. Et le succès fut au rendez-vous très tôt. Qui ne souvient pas de ces tubes  des années soixante  qui ont accompagné toute une génération. Des titres tels : ‘’ya rabi sidi’’, ‘’ya aami Belkcem’’, ‘’loukan hbibi iwali’’, ‘’mektoub aaliya nwalef’’ et tant d’autres tubes qui ont enchanté  un très large public. De belles mélodies et de beaux textes comme ceux des fameux tubes des années soixante-dix, ‘’wahdi’’ et ‘’ma nheb ghir houwa’’.  Qui n’a pas en mémoire ‘’ya ben sidi ya khouya’’. Qui d’entre-nous n’a pas frissonné en écoutant les belles chansons  de Noura en français,  comme ‘’Paris dans mon sac’’ et ‘’ma maison’’. La voix de Noura ne pouvait en effet laisser personne indifférent. Même le grand compositeur français Michel Berger composa pour elle tout un album intitulé ‘’Une vie’’, en 1970. C’est d’ailleurs cette année-là qu’elle obtint un disque d’or,  pour un million d’albums vendus. Noura était une artiste complète. Initiée à la langue kabyle par son mari Kamel Hamadi, elle a interprété des morceaux magnifiques dans cette langue. Le couple a ainsi enrichi la chanson kabyle de belles compostions. Citons par exemple la fameuse  ‘’idurar nnealyen’’ ou encore ‘’Amirouche’’, hommage au héros de la Kabylie et de la guerre de libération nationale. Il y a également les titres ‘’seg ayla-k’’, ‘’Jerjer azizen’’ et ‘’anida-t baba’’. On  ne peut parler de Noura sans citer les merveilleuses chansons qu’elle a chanté en duo avec son mari : ‘’Yidem  yidem’’ et ‘’d kem ihamlegh’’ ont marqué les mémoires et les cœurs. Noura  a durant des années porté haut et loin l’identité nationale, puisque à elle seule elle incarna cette diversité  linguistique du pays en chantant à la fois en arabe algérien, en tamazight, mais aussi en français. Son couple avec Kamal Hamadi fut distingué d’une reconnaissance internationale. Les deux artistes furent en effet élevés au rang de ‘’Chevaliers de l’ordre  des arts  et lettres’’ par le ministère  de la culture de la république française, le 28 novembre 2008. Noura nous a donc quittés, dimanche dernier, mais son souvenir  demeurera gravé à jamais dans nos mémoires et son rêve de liberté et de progrès pour les femmes sera pérennisé  par tous ceux qui portent  dans leur cœur l’amour de la vie et le sens dans la dignité. Adieu l’artiste. Reposez en paix !              

 Aït Slimane Amazigh

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