«Yewhech El fil yernad gumas» séduit

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L’association culturelle Igawawen de Larbâa Nath Irathen a présenté, jeudi dernier, une pièce théâtrale intitulée «Yewhech El fil yernad gumas», à la salle de Cinéma L’Afrique, sise au chef-lieu communal. Et le public fut au rendez-vous.

En effet, la salle était bondée de jeunes et moins jeunes, venus en familles ou en groupes apprécier une belle soirée de théâtre. La pièce a été écrite par Hamid Hammour, membre et animateur de l’association. A la fin de la représentation, les personnes que nous avons approchées furent unanimes à dire que la soirée était une belle réussite. Un père de famille venu d’Aït Ateli nous dira : «c’est une très belle pièce. Le texte est bon et le décor est des plus réussis ». Il ajoutera : «c’est le titre de la pièce qui nous a attirés. C’est une histoire que nos grands-mères nous racontent depuis toujours et nous étions curieux de voir ce que ça allait donner sur scène. Nous n’avons vraiment pas été déçus. Le spectacle nous a séduits et captivés de bout en bout. C’est un énorme plaisir de voir notre jeunesse s’intéresser à notre culture et patrimoine et l’adapter et le mettre en scène». De son côté Hamid, le producteur de cette pièce, nous dira : «Le public connaît l’histoire. C’est celle d’un éléphant et d’un roi. Ma mère me l’a racontée quand j’avais douze ans. J’ai voulu en faire une pièce théâtrale pour rendre hommage à toutes les mères». Pour en revenir à cette histoire qui fait partie de la mémoire collective, elle raconte, en effet, qu’un roi avait un éléphant. Celui-ci écrasait sans ménagement toutes les cultures des pauvres habitants du royaume. Les gens étaient exaspérés au plus haut point mais personne n’osait rien dire, craignant la réaction du roi tyrannique. Ali, un sujet rebelle, appela les habitants à une réunion, afin de décider d’une action contre le roi despotique. Et ce fut la dulcinée d’Ali, présente à la rencontre, qui proposa qu’un groupe aille au palais pour attirer l’attention de son altesse sur le désarroi de son peuple. Tous les présents acceptèrent et se décidèrent d’aller ensemble au château. Ils convinrent de ce que chacun d’entre eux s’exprime devant le roi et dise une partie du discours qu’ils avaient préparé. Mais le seul qui eut le courage d’aller jusqu’au bout de la démarche fut le brave Ali. Ayant osé défier le roi, celui-ci le jeta en prison. Et tous les autres, morts de peur, ne dirent rien au roi. Voyant le sort réservé à son bien-aimé la dulcinée d’Ali prit la parole et tenta d’amadouer le roi : «Votre majesté si nous sommes ici, c’est pour vous dire que votre éléphant se sent seul. Il faut lui ramener un compagnon». Le roi rit et fut attendri par le courage de la femme et ordonna qu’on lui accordât tout ce qu’elle souhaitait. Et c’est ainsi qu’elle parvint à libérer Ali, à condition qu’il soit exilé comme l’ordonna le roi. A la fin de la représentation, tout le public était debout, applaudissant longuement le merveilleux jeu des comédiens. Lounis, le président de l’association, nous dira quant à lui : «ce n’était pas facile d’aller au bout de ce projet. Nous manquions de tous les moyens nécessaires à sa concrétisation. Mais grâce à des bienfaiteurs, nous avons été jusqu’au bout et la réaction du public nous remplit de joie et de satisfaction. Nous lui promettons que cette pièce ne sera pas la dernière». Il faut souligner que la population locale se plaint de l’absence de la moindre animation. Les cafés maures sont les seules endroits où la jeunesse trouve refuge en ces soirées d’été et de Ramadhan. Quant aux familles, elles n’ont aucun lieu où aller se distraire après la rupture du jeûne. L’initiative de l’association Igawawen est donc à louer à plus d’un titre. Une véritable bouffée d’oxygène pour le public qui n’a pas tari d’éloges à l’adresse des membres de l’association.

Youcef Ziad

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