Le livre à l’honneur

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A peine le pied sur la place colonel Amirouche, le regard est attiré, voire rivé sur la bâtisse. Cette petite école primaire couverte de drapeaux et de fanions, recèle, l’espace de cette dernière semaine de vacances, un butin constitué d’œuvres aussi intéressantes et belles les unes que les autres : travaux d’artistes, productions d’hommes de lettres dans une parfaite symbiose. Cependant, le livre est à l’honneur. Si seulement les gens lisaient autant que d’autres écrivaient ! ne peut-on s’empêcher de remarquer. Dans la salle attenante au portail, des tables portent des livres de Younès Adli, des livres en tamazight, des guides et histoires en berbère, des livres de Malek Houd. Au préau, une foule entoure l’auteur. Rachid Mokhtari, journaliste/écrivain, dédicace son dernier en date “Slimane Azem, Allaoua Zerrouki chantent Si Mohend U M’hand”, édité en 2005 par APIC, sise à Ben Aknoun, Alger au lotissement Ricour Omar. Rachid Mokhtari est accompagné de son éditeur, Karim Chikh. Ce dernier nous précise que les éditions APIC existent depuis 2003 et ont à leur actif 16 titres dont le livre de Mokhtari, “qui rentre un peu dans le cadre du centenaire de Si Mohand Ou M’hand”, explique Karim Chith. APIC fait un travail de mémoire, d’où le slogan “afin que l’oubli ne soit pas une tare, dans une terre à l’histoire millénaire”. Notre interlocuteur enchaîne : “On essaye aussi d’apporter dans le domaine éditorial, culturel un plus par rapport aux rencontres. C’est-à-dire contribuer pour sortir un peu du quotidien en rapprochant les auteurs de leurs lecteurs. Il s’agit aussi de projeter le savoir, de contribuer à faire renaître, la culture algérienne,… l’Algérie tout simplement”. Pour cette exposition commémorative du centenaire du décès du poète Si Mohand, APIC est aussi présente par d’autres ouvrages : une collection “études sur concours, Kateb Yacine”. Autre collection aussi appelée “Devoir de mémoire” (tenue sous la direction de Lakhdar Maougal). Pour cette dernière, les livres 1 et 2 sont sortis, le 3e est un projet de 2006. “Un travail sur les élites algériennes”. “Avec Rachid Mokhtari, dans la collection “Voix d’exilés”, on y trouve tout ce qui touche à la culture algérienne, d’artistes algériens ayant vécu en exil et qui ont contribué largement à la promotion de notre culture et à lui donner une autre dimension”, termine l’éditeur Karim Chikh. A quelques mètres seulement se tient l’étal d’une autre maison d’édition “Zirem”, sise à Akfadou (Béjaïa). Son slogan à elle est “chaque livre écrit, chaque livre lu, est un grand pas en avant sur les chemins de la vie, au détriment du néant”. Le directeur, Med Chérif Zirem, psychologue de formation et journaliste (la plume coule dans la famille, l’écriture est une passion commune aux frères Zirem”. La maison est à son 3e livre édité. Ce qui n’est pas mal pour de jeunes éditions, nées tout juste en septembre dernier. “Si les 2 autres se sont bien vendus, celui d’Albert Camus, c’est comme des petits pains. “A 2 mois de sa publication (en exclusivité), on est à 3 000 exemplaires), précise Moh Chérif Zirem. Sur l’étal, nous lisons “Essai sur Térence suivi de dernières épîtres” de Hamza Zirem (son 3e livre). De Youcef Zirem, nous trouvons “Je garderai ça dans ma tête”, “Les enfants du brouillard”, “L’âme de Sabrina”, “La guerre des ombres” (les non-dits d’une tragédie), “La vie est un grand mensonge”. La maison compte aussi rééditer le livre du patrimoine universel. Le contenu de “Misères de la Kabylie” est fait de reportages réalisés du 5 au 15 juin 1939 pour le quotidien Alger Républicain, suivis du discours de Stockhlom. Les étals de livres sont encore bien fournis. L’autre facette de l’exposition consiste en des travaux artisanaux (tapisserie de Chellata de Idiri Nacéra, dessins de Nora Idiri, photos-cadres de Mahfoud Chaâlal et Mouhous Abdelkrim, CD et cassettes du chanteur Hamdoune Ahmed d’El Kseur et qui est aussi le producteur de couture et de broderie sur soie. Le 1er étage abrite les réalisations superbes de l’artiste-peintre et enseignant à l’école des Beaux-arts d’Azazga, Ouchène Smaïl. “Ce n’est là qu’un échantillon de ma collection”, nous dit-il. Et pourtant, il n’y a pas un coin vide dans la salle. Au rez-de-chaussée de cette aile de l’école, livres (encore !), cassettes et CD du nouvel album 2005 de Hardou Salah et de son film “Histoire et bagarre”, K7 audio sur la révolution algérienne, 2 livres sur “La révolution algérienne” et “Sur les contes kabyles”. La salle, immense, est remplie d’écrits sur Si Mohand Ou M’hand, sur l’association Etoile culturelle et, pour finir, des coupures de presse.

Taos Yettou

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