“La Lampe et la Lumière” subjugue le public

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Mercredi soir a eu lieu au Théâtre Régional de Béjaïa la première de la comédie musicale écrite et réalisée par Abdelaziz Yousfi dit Bazou « La lampe et la lumière » a été jouée devant des centaines de spectateurs.

La grande salle de spectacles du TRB était archicomble. Une partie des spectateurs ont d’ailleurs suivi la représentation debout ou carrément assis par terre. L’ambiance était très conviviale, et de nombreuses familles se sont déplacées pour voir le spectacle. Une comédie musicale, interprétée par une douzaine d’acteurs locaux, qui a très vite conquis le public qui ne cessait d’applaudir. En tout, une douzaine de morceaux de musique et de chansons ont été joués et interprétés. En plus des magnifiques voix des acteurs, une performance particulière a été réalisée par la jeune Madina, de l’orchestre féminin du conservatoire de Béjaïa. Sa maîtrise de la mandoline fut époustouflante. De nombreuses chansons ont été interprétées durant le spectacle qui a duré environ une heure. De ’’Belaredj’’ de Boualem Bouzouzou à la chanson andalouse ’’Haramtou bik nouassi’’, en passant par Dahmane El Harrachi et Cheik El Hasnaoui, le public ne s’est pas ennuyé un seul instant.

De leur côté les acteurs et interprètes du spectacle ont donné une prestation remarquable, avec un travail sérieux et un talent certain. A un certain moment un incident technique a failli perturber le spectacle, mais les acteurs ont tellement bien réagi que la plupart des spectateurs ne se sont rendu compte de rien. Les actrices étaient magnifiques et les acteurs d’une grande élégance. Les costumes et les jeux de lumières ont largement contribué à la beauté du spectacle. La comédie est en quelque sorte une histoire revisitée de Béjaïa. Quelques personnages historiques ont fait partie du scénario, tel Léonardo Fibonacci, le célèbre mathématicien italien qui a vécu à Bougie et qui y a découvert les chiffres dits « arabes » et les a exportés en Europe. Moulay Nacer, le roi Hammadide qui avait construit la ville de Béjaïa et qui avait espéré lui donner son propre nom, et Sidi Touati, un des hommes religieux qui ont compté dans l’histoire de la ville ont également été inclus par l’auteur de la comédie avec brio. D’ailleurs, un des points forts du spectacle a consisté à détourner une légende racontée sur l’histoire de Bougie. Un jour, alors que Moulay Nacer avait invité Sidi Touati sur son bateau pour lui faire admirer l’œuvre qu’il avait faite en construisant de somptueux palais dans la ville, le marabout a étendu son burnous déchiré et l’a mis entre le roi et la ville, l’aidant à voir la cité au travers des trous du tissu ainsi étalé. Sidi Touati aurait alors annoncé que la ville serait détruite et que les palais du roi allaient s’effondrer. Ce qui plongea ce dernier dans une profonde dépression. Mais le coup de génie de Bazou, fut de projeter sur le grand écran du théâtre les images de l’actuelle ville, avec ses bâtiments hideux, ses murs lézardés, les rues plaines de détritus et d’immondices, des endroits infects et des lieux scandaleusement abandonnés. Comme si la prophétie de Sidi Touati se réalisait sous nos yeux. Le public n’a pas manqué de réagir en saluant l’idée avec de forts applaudissements. Beaucoup ont eu les larmes aux yeux en réalisant combien leur ville était tombée en décrépitude. Chapeau l’artiste !

Mais à côté de tout cela, et malgré tout le travail accompli, la pièce a présenté de nombreuses lacunes. Mais elles n’enlèveront rien à la beauté du spectacle et au mérite de toute l’équipe.

N. Si Yani

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