Un moment d'émotion à l'état pur

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Le sait-on ? Notre orchestre symphonique national (OSN) n’avait d’équivalent, dans les années 70, que son homologue français. La dégringolade n’a commencé que beaucoup plus tard, selon une source proche de cette institution prestigieuse, qui attribue cet état de choses au peu d’intérêt que les responsables accordent à la mission culturelle que l’OSN assume contre vents et marées. L’OSN compte actuellement en son sein une violoniste russe et une contrebassiste sud-coréenne, en plus d’une quinzaine d’artistes de différentes wilayas du pays, dont un de Bouira où l’orchestre était dimanche dernier.

La soirée qu’il a donnée à la maison de la culture fut une franche réussite. Et même si les deux rangées de la salle réservées aux invités de marques ont été boudées par le gratin et même si la présentation des œuvres fut un peu trop longue, la soirée en valait vraiment la peine. Le programme de cette merveilleuse soirée se divisait en deux parties : de la musique classique et de la musique moderne. Pour la musique classique, l’OSN a choisi de jouer Mascarade, de l’Arménien Khaturian, une œuvre en cinq mouvements, dont, faute de temps, il n’a exécuté que les trois derniers mouvements : la valse, l’andante et la galopante, vivement applaudis par le public, car exécutés tous les trois de main de maître.

Pour la seconde partie, eu égard au contexte dans lequel s’inscrit la soirée artistique (53ième anniversaire de la Révolution de 54 et Ramadhan), l’orchestre symphonique a choisi de jouer Nouba Zidane, une composition en cinq mouvements, elle aussi écourtée pour les mêmes considérations liées au facteur temps. Le chanteur Samir Toumi a interprété les trois mouvements (Dardj, Insiraf et El Khlas). Il a chanté encore ‘’El hamdou Lillah, Tmataana Bil Istiqlal’’ (Dieu merci, nous avons joui de l’indépendance.) Cette chanson de Mohamed El Anka a été vivement applaudie. Le même accueil a été réservé aux deux chansons de Nada El Rayhane. Elle a chanté ‘’Ana Mithlouka, Ouhibou El Djazaïr’’ ((Moi, je suis comme toi, j’aime l’Algérie).. C’est une composition de Fadhel Noubli sur des paroles du ministre de la culture Azedine Mihoubi. Puis, la jeune artiste a chanté ‘’Mouhamadou’’, une chanson religieuse consacrée au prophète et qui est une composition de l’Egyptien Mohamed Sallama. Le public a gratifié la chanteuse, vraie statue grecque debout devant le micro, d’une pluie d’applaudissements.

Enfin, l’orchestre national a attaqué avec la même maestria deux morceaux de musique instrumentale, ‘’Allo triciti’’ et ‘’Yema Gouraya’’, deux chansons kabyles qui ont fait chavirer la salle. Pour clore cette magnifique soirée, les deux artistes Toumi et El Rayhane ont chanté en duo ‘’Yahiaou Nass Bladi’’, de Rabah Deriassa, accompagnés par la chorale d’Alger. Dirigé d’une main magistrale par Amine Kouider, l’orchestre symphonique national a trouvé dimanche soir chez le public une oreille plus qu’amicale, une oreille complice. Depuis 2007, il poursuit à travers tout le territoire national son œuvre et sa mission culturelle avec la même détermination et la même passion. Ce qu’il nous faut ajouter, c’est que l’OSN n’est pas inconnu pour la ville de Bouira. Cette dernière a déjà eu le privilège de le recevoir à deux reprises au moins, et chaque fois, cela a été un moment d’émotion à l’état pur.

Aziz Bey

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