Les jubilations de la glaise

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Située dans un écrin de luxuriance formé de trois superbes forêts, Amedjoudh au nord, El Maj au sud et Boumahni à l’Ouest, la région émerge au milieu des massifs verdoyants flattant le regard des visiteurs, à travers un panorama sculpté de sites merveilleux qui invitent à la contemplation.

«On ne peut avoir une meilleure vue de la forêt des Aït Boumahni, qu’à partir de Maâtkas», assure fièrement un homme âgé de la région. Il tenait à nous montrer à l’horizon, les massifs d’un vert très sombre, couleur bien fréquente en Kabylie, où le chêne se dresse fièrement dans cette partie, qui connait souvent un climat rude. A Maâtkas, la population n’a rien perdu de son hospitalité et se montre toujours disponible à satisfaire la curiosité des visiteurs. Un apiculteur, nous affirme que la région se prête merveilleusement à ce type d’activités, d’ailleurs la filière est presque saturée. Mais la rudesse du climat, tout comme la rigidité de certaines lois n’aident pas les agriculteurs ambitieux, à l’instar de notre interlocuteur.

La région s’y prête également, à d’autres activités, comme l’élevage, l’aviculture et l’oléiculture. D’ailleurs, beaucoup de familles possèdent leurs propres poulaillers et d’autres des écuries de vaches laitières, mais ces activités sont pratiquées de manière traditionnelle. Nous avons demandé aux propriétaires pourquoi ils ne sollicitent pas les différents dispositifs mis en place par l’Etat, pour le développement du secteur de l’agriculture. Les réponses étaient toutes pareilles, «nous ne possédons pas suffisamment de terrain pour accéder aux fameuses subventions». En effet, les terrains en Kabylie sont très morcelés, aussi tant que la loi demeure rigide et ne s’adapte pas aux spécificités de la région, le développement du secteur agricole et plus particulièrement de l’agriculture de montagne risquent d’être compromis et les pratiques agricoles continueront à se faire de manière rudimentaire. En attendant, la mise au diapason de ce qui attend à juste titre la zone, Maâtkas continue à produire du lait et des œufs qui ne sont pas commercialisés.

La poterie, une identité une mémoire

La poterie à l’instar de toutes les activités artisanales, représente l’âme, l’identité et la mémoire d’une société. Elle était là dans nos montagnes, à l’aube de l’histoire. Industrie traditionnelle rivée dans le regard de l’enfant, depuis la préhistoire et survivant, vaille que vaille, au coup de boutoir de la modernité et les vaisselles en aluminium qu’elle nous fourgue, avec entêtement, pour remplacer laborieusement nos ustensiles de terre. La Kabylie est riche de son activité artisanale qui nourrissait par le passé tant de familles. Autres temps, autres mœurs, les gens ont commencé à se détourner, peu à peu des métiers de l’artisanat qui, vu les problèmes de commercialisation ne nourrissent plus leurs hommes. Aujourd’hui seules quelques régions ont, un temps soit peu, su sauvegarder, ces activités pratiquées, depuis la nuit des temps. Ath Yanni pour les bijoux, Ath Hicham et Djemmâa saharidj pour le tapis et Maâtkas pour la poterie. En effet, les artisans des autres localités de la wilaya ont une opportunité annuelle de vente, grâce à l’organisation des fêtes locales qui ont pris une envergure nationale, comme c’est le cas, depuis 2009, pour Maâtkas.

D’ailleurs, depuis son dernier classement national, la fête de la Poterie de Mâatkas gagne en notoriété d’année en année. Cependant, il n’en demeure pas, pour moins que les difficultés persistent pour la commercialisation des produits artisanaux. Autrement dit, la mise en valeur de ces objets d’une grande valeur, autant utilitaire que mémorielle, n’a pas été à la mesure de ce qui était attendu. Pour cette année, à partir de samedi, la sixième édition de la fête de la poterie, ouvrira ses portes à plus d’une soixantaine d’artisans issus de plus trente wilayas, en plus des artisan(e)s potier(e)s locaux. Les stands d’exposition, ainsi que les activités programmées pour l’occasion dédiées à la poterie et aux autres produits de l’artisanat traditionnels, tels la bijouterie, la vannerie, la tapisserie et la couture traditionnelle, seront à la disposition des visiteurs. Par ailleurs, en marge des activités festives, une série de conférences-débats abordant des thématiques liées à l’économie, à l’artisanat et au patrimoine, sera animée par des universitaires, entre autre Abdenacer Bourdouz, chercheur au Centre National de Recherches Préhistoriques, Anthropologiques et Historiques, du P. Dahmani et Rachid Oulebsir, auteurs-journalistes .

Aussi, comme nous l’apprend un membre de commissariat du festival, en l’occurrence M. Amer Mesbah, des ateliers d’initiation à la poterie accueilleront des enfants, comme ce fut le cas, pour les précédentes éditions. Pour les galas, une tête d’affiche qui vaut à elle seule le déplacement: Ali Amrane et des jeunes chanteurs issus de la région.

Sadek .A.H

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