La catastrophe linguistique continue malheureusement

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C’est l’été une période propice à la sortie des nouveaux albums. Ici même sur ces colonnes, nous avons déjà traité et attiré l’attention des artistes, chanteurs et producteurs sur la nécessité absolue de respecter et d’observer les strictes règles d’orthographe et de transcription de la langue berbère sur les pochettes de leurs albums.

Ainsi, quelle n’a pas été notre surprise de constater à nouveau que, sur l’ensemble des supports (CD, banderoles, affiches, affichettes et autres insertions publicitaires dans les journaux) annonçant les nouveautés artistiques, le massacre orthographique continuait. Nous ne nous perdrons pas sur les questions de savoir qui de l’artiste, du producteur ou même du distributeur porte la responsabilité d’une telle situation désobligeante. Nous pensons seulement que cette responsabilité est tout simplement partagée, car les dégâts et autres dommages psychologiques produits sur les élèves sont immenses.

Ce qui suit n’est qu’un exemple flagrant de cette «fraude» dans la transcription, aussi involontaire puisse-t-elle être. Ainsi, sur un album, il est écrit la forme fantaisiste et sans interruption: «akmeǧaɣatamourtiou» au lieu et place de «a kem-ǧeɣ a tamurt-iw». Partant que «ǧǧeɣ» a la valeur du verbe, «kem et tamurt» celle de compléments solidaires et «a» étant une copule vocative ou annonçant le futur. Ailleurs, il est écrit l’abracadabrant «almaḥnaou» au lieu et place de «a lmaḥna-w» qui indique que l’élément «a» est un vocatif ; «lmaḥna» un nom et «w» un possessif.

La liste des exemples dont la transcription est foudroyante est encore trop longue à établir mais nous nous contentons de ces deux archétypes pour permettre à tout un chacun une vérification aisée. Cette indifférence et surtout cette inconscience à refuser d’observer le respect des règles de transcription est inacceptable, incompréhensible et intolérable. C’est même une violation de l’héritage que nous a légué Mouloud Mammeri. Pourtant, nous disposons maintenant de milliers d’enseignants, d’inspecteurs et d’étudiants dans le domaine qui peuvent être consultés avant l’impression des textes.

Si la production artistique est la propriété exclusive de son auteur qui soumet son œuvre à l’appréciation ou à la sanction populaire, la langue, elle, est et restera un bien commun à tous, que nous tous avons le strict devoir de respecter dans toutes ses formes et usages, d’autant plus que nous venons à peine de sortir d’une longue période d’ostracisme politique la concernant directement et durant laquelle des vies humaines ont été perdues. Le domaine commun (ici la langue comme étant lmecmel) doit être défendu par chacun d’entre nous.

Abdennour Abdesselam ([email protected])

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