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13e édition du Festival de la chanson amazighe de Béjaïa : «Professionnaliser et internationaliser l’événement»

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C’est au grand complet que les responsables du Comité des fêtes de la ville de Béjaïa se sont présentés à l’hôtel Brahmi pour la conférence de presse à laquelle ils ont conviés les médias. Ces derniers se sont déplacés en nombre pour écouter ce que les représentants du CFVB avaient à leur dire.

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Selon le président du CFVB, Malek Bouchebbah, l’édition de l’année dernière a été une vraie réussite, malgré quelques insuffisances qui ont été constatées çà et là. C’est fort de cette expérience que le Comité des fêtes s’est engagé dans cette treizième édition avec la ferme décision de pallier à ces insuffisances. Tout a été mis en place pour que l’édition de cette année réponde aux attentes aussi bien des artistes que du public. Les organisateurs de ce Festival annoncent avec conviction leur décision de professionnaliser cet événement.

Selon un membre du comité Djamal Merabet, le chemin sera relativement long avant d’y arriver complètement. Il faudrait d’abord commencer par professionnaliser le fonctionnement du Comité des fêtes lui-même. La discipline et la rigueur devront être appliquées à tous, et tout au long du processus de préparation des festivités. Cela vaut aussi pour la sélection des artistes qui seront retenus pour se produire durant le festival. Il n’y a pas assez de temps ni assez d’espace pour permettre à tous les chanteurs de se produire.

Il faudra forcément passer par une phase de sélection. Et ce seront les meilleurs qui seront retenus. Plusieurs acteurs sont mécontents de ne pas avoir été invités à y chanter, malgré leur insistance. Mais selon les organisateurs, sur cinq jours de festival, il est difficile de contenter tout le monde. Il y avait des choix à faire, et ils ont été faits, et le Comité les assume entièrement. L’édition de cette année a été consacrée au rapport entre la chanson et la poésie amazighes et le Mouvement National. En effet, ce dernier est d’essence populaire. Ses dirigeants et ses militants étaient des gens du peuple, nourris par la culture populaire comme tout un chacun. Elle a très certainement contribué dans leur sensibilisation, dans leur éveil et dans leur formation politique.

C’est dans ce contexte que cette année, les organisateurs ont décidé d’honorer le chanteur kabyle Arezki Bouzid. Natif de la région d’El Kseur, il a très tôt rejoint le maquis en travaillant sous les ordres de celui qui allait devenir le Colonel Amirouche, chef de la Wilaya III, et Abderrahmane Mira. Il servait d’agent de liaison et était condamné à mort par l’armée coloniale. Recherché il décide de s’enfouir pour rejoindre les rangs de la Fédération de France où il a activé dans le groupe de Choc. C’est là que sa carrière artistique a véritablement commencé. Elle servait de couverture à ses activités militantes. Il a connu les plus grands chanteurs de son époque, tels Slimane Azem, Allaoua Zerrouki, Cherif Kheddam, Cheikh El Hasnaoui, etc.

Dès l’indépendance, il a été responsabilisé sur la formation des jeunes, et a continué à produire des chansons, toutes plus belles les unes que les autres. Il a chanté la Révolution, l’exil, le pays, l’amour, … Aujourd’hui, à quatre-vingt ans presque, il continue à sillonner le pays et intervenir là où on veut bien de lui. L’hommage qui lui sera rendu lors de ce Festival le touche au fonds du cœur. Et il n’oublie pas ses compagnons d’armes et de musique. Il leur rend tous hommage à son tour. Il a même évoqué ceux de sa génération qui sont toujours vivants, mais qui sont oubliés par tous. Certains vivent dans des conditions difficiles, et il conviendrait de faire un geste pour eux. Malek Bouchebbah a rappelé que l’un des objectifs du festival, c’est aussi la découverte de nouveaux talents.

Il a cité l’exemple d’Ali Amrane qui avait été lancé sur le plateau de ce Festival. Tout comme il se plait à rappeler que certains des lauréats du Concours d’«Alhane Wa Chabab» sont d’abord passés par les plateaux du Festival de la chanson amazighe de Béjaïa. Cette édition présentera des chanteurs et des groupes venus d’aussi loin que Tamanrasset, Ghardaïa et Batna. La chanson amazighe est riche et variée. Et c’est dans les projets du Comité des fêtes de l’internationaliser, en l’ouvrant à des chanteurs venus d’autres pays, tels le Maroc, la Tunisie et la Libye. Mais insistent les organisateurs, ils pensaient pouvoir le faire pour cette année, mais ils se sont rendus compte de la nécessité d’assurer une organisation plus professionnelle avant de pouvoir accueillir des artistes étrangers. Mais cela se fera dans un avenir proche, selon leurs vœux.

La professionnalisation de ce Festival implique l’engagement des sponsors. Or, il n’y en a aucun qui se soit manifesté pour cette édition. C’est l’APC de Béjaïa qui a pris en charge tous les frais du festival qui s’élève à près de trente millions de dinars. C’est une somme colossale qui ne pourra pas être maintenue longtemps, si d’autres sources de financements n’interviennent pas. Ce festival n’est pas le seul que le Comité des fêtes organise chaque année. Il y en a plusieurs autres, dont le Festival du rire, par exemple. «Il n’y a aucun événement culturel à Béjaïa où le CFVB ne soit pas partie prenante, d’une façon ou d’une autre», a avancé son président.

Il y a aussi ce que le CFVB appelle des Qaâdas de chaâbi. Cette année, pas moins de 170 chanteurs de chaâbi se sont produits à Béjaïa. Tous ont reçu des cachets avec leurs musiciens, dont le nombre dépasse les huit cents. Un budget de près de trente millions de dinars y a été consacré en prenant en compte tous les frais annexes liés à la logistique. Le souhait du CFVB est de contribuer à créer un climat artistique qui favorise la création et la production dans tous les domaines des arts et de la culture. Il y a beaucoup d’insuffisances et de contraintes, et les critiques ne manquent pas. C’est peut être aussi pour cela qu’une certaine déception pouvait se lire sur les visages des organisateurs qui demandent à ce que les critiques soient objectives et non stériles.

Les polémiques semblent avoir exaspéré les membres du CFVA qui montrent quand même leur volonté à aller de l’avant. Les questions des journalistes se sont surtout concentrées sur les promesses de la professionnalisation du Festival, de son internationalisation, de son institutionnalisation et des projets d’avenir du CFVB. Dès hier soir, le coup d’envoi a été lancé vers vingt et une heures, et l’ambiance était au rendez-vous. Tout le quartier jouxtant la wilaya était baigné dans une ambiance musicale festive, et le public nombreux à se présenter. Au programme, il y avait, en plus des chanteurs sélectionnés pour concourir, Ali Amrane, Khazmati M’Zab et Taos Arhab. Nous rapporterons plus en détails, dans nos prochaines éditions, le déroulement des festivités.

N. Si Yani

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