Une clôture en douceur

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Le Festival de la chanson amazighe de Béjaïa a été clôturé, samedi dernier, avec une ultime soirée empreinte de douceur et de joie. Tout au long de cette treizième édition, les soirées ont été agréables et le nombreux public a pu en profiter dans un climat de convivialité et de partage.

Il y a eu de grands moments durant ce Festival, où de grands noms de la chanson amazighe se sont produits. Ils sont venus de la Kabylie, des Aurès, de Tamanrasset, d’Ouargla, de Ghardaïa… Le public a ainsi écouté avec plaisir Ali Amrane, Ouazib Mohand Ameziane, Zingdah, et plusieurs autres chanteurs. Mais il y a eu surtout la découverte de dix jeunes talents qui sont venus concourir pour obtenir les premiers prix du Festival. Dix jeunes qui avaient été choisis lors de sélections qui avaient été organisées fin Juillet dernier, lorsque près d’une centaine d’artistes se sont présentés pour concourir. Preuve de sa réputation et de son succès grandissant. Il n’a pas été facile pour le jury de trancher entre les dix talents qui ont été retenus. Et durant cette soirée de clôture, il a quand même fallu trancher et proclamer les résultats. C’est donc Chaabane Yacine qui a été désigné vainqueur de cette treizième édition du Festival de la chanson amazighe de Béjaïa. Il a été suivi d’Oumoussa Amazigh et de Bournane Lahlou, respectivement à la deuxième et à la troisième place. Un prix d’encouragement a été décerné à la jeune et douce Tilelli, qui nous a déclaré avant la proclamation des résultats, qu’elle était venue pour découvrir et se préparer pour d’autres festivals. A dix-sept ans, cette jeune fille qui vient d’avoir son Bac compte consacrer son temps à ses études à l’Université de Béjaïa. Avec son père qui est également chanteur, elle compte cultiver son talent et se présenter à d’autres concours.

Dans l’ensemble, la soirée de clôture et toutes les autres se sont très bien déroulées, et le public s’en est dit très content. Le Comité des Fêtes de la Ville de Béjaïa a eu l’ingénieuse idée de déplacer le lieu habituel du Festival vers la Place du Palmier, jouxtant le siège de la wilaya. Ce qui a permis aux habitants de Béjaïa et des estivants venus de toutes les régions du pays de bien profiter des concerts de musiques ainsi ouverts à tous. Il n’y a eu aucun incident durant tout ce festival. Ce qui a fait dire à certains musiciens habitués des grands événements musicaux un peu partout, que même à Timgad, ils n’avaient pas trouvé une atmosphère de sérénité comparée à celle de Béjaia. La police n’a à aucun moment eu à intervenir et les familles venues nombreuses ont pu se régaler en toute quiétude durant toute la semaine.

Ce qui ne veut pas dire qu’il n’y a pas eu d’insuffisances. Mais les manquements constatés çà et là ont vite été pris en charge et les choses sont rentrées dans l’ordre. Le responsable de la logistique du Festival, Kamal Mokrane, nous a signalé qu’il n’y a eu que deux sièges abimés sur les centaines qui avaient été mis à la disposition du public. D’un autre côté des rumeurs nous sont parvenues faisant état du mécontentement d’un certain nombre de prestataires qui n’avaient pas été retenus pour cette édition. Le CFVB avait décidé d’appliquer plus de rigueur cette année, y compris dans l’attribution des marchés. Lors de la conférence de presse donnée à l’Hôtel Brahmi lors de l’ouverture du festival, les organisateurs avaient déjà annoncé que c’est la méthode de la soumission qui a été utilisée, et c’était le moins disant qui avait été retenu. Cela ne semble pas avoir convenu à tout le monde et les réseaux sociaux ont pris le relais de la rumeur et des dénonciations, que les organisateurs ont décidé tout simplement d’ignorer, pour se concentrer sur les nombreuses tâches à accomplir lors du Festival. A la fin de cet évènement, Malek Bouchebbah, le président du Comité des fêtes de la ville de Béjaïa, s’est dit très satisfait et compte organiser une nouvelle conférence de presse pour donner le bilan du Festival. Nous attendrons donc cette conférence avant de donner plus de détails, et nos lecteurs seront informés de toutes les données qui nous seront communiquées. Notons aussi deux éléments importants : le premier concerne l’hommage consacré à Arezki Bouzid lors de cette soirée de clôture. Il a ainsi eu l’opportunité d’entonner une de ses chansons en hommage au pays et à la Révolution, surtout en cette période de commémoration de l’anniversaire des 20 Août 1955 et 1956. Arezki Bouzid a exercé son talent de chanteur durant la période de la guerre de libération nationale, tout en militant au sein de l’ALN et de la fédération de France du FLN. En choisissant de l’honorer, le CFVB a mis en exergue l’apport de la chanson amazighe au Mouvement national. C’est Abdelhamid Merouani, le P/APC de Béjaïa, qui a remis à l’artiste révolutionnaire ses cadeaux et lui a exprimé les félicitations de toute la population de la région. C’est également le maire qui a annoncé officiellement le projet de réalisation d’un théâtre de verdure au bois des Oliviers. Une enveloppe de trente millions de dinars a été réservée à ce projet, et les études vont démarrer incessamment. «Dans deux années, Béjaïa aura son théâtre de verdure», a-t-il annoncé devant le public qui l’a fortement applaudi. Il faut aussi rendre hommage à son équipe, puisque c’est l’APC qu’il préside qui a totalement pris en charge les frais du Festival dont le montant avoisine les trente millions de dinars. C’est dire l’importance que l’exécutif donne au combat identitaire amazigh, dont il n’est que l’un des serviteurs. Il fait écho à toute la population berbère quelle que soit sa région qui clame et réclame la reconnaissance de toutes ses composantes. Et le Festival de Béjaia l’a rappelé haut et fort durant ces jours de douceur et de plaisir.

N. Si Yani

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