Nedjma l’œuvre la plus étudiée de la littérature algérienne

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Hier s’est ouvert un Colloque scientifique, organisé à l’initiative de la direction de la culture de la wilaya de Tizi-Ouzou, la Maison de la culture Mouloud Mammeri, le théâtre Régional Kateb Yacine et le comité des activités culturelles et artistiques de la wilaya, en partenariat avec la faculté des lettres et des langues de l’université Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou, consacré à l’œuvre de Kateb Yacine sous le thème «Kateb Yacine, écrivain aux multiples facettes». Les intervenants y ont abordé les différentes lectures qu’offrait le poète, l’écrivain et le dramaturge de renom. «Des Métamorphoses de l’Ane d’Apulée à La poudre d’intelligence de Kateb Yacine ou le génie populaire réinventé», fut le thème de la communication de Fatima Malika Boukhelou, Docteure en langue et civilisation françaises à l’université Mouloud Mammeri. Comme l’a pensé Mohamed Lakhdar Maougal, «Aborder Kateb Yacine à l’aune d’Apulé de Madaure est pour le moins décoiffant ! Certes notre écrivain avez beaucoup de respect pour Apulée mais de là à faire le parallèle entre l’œuvre de l’un et de l’autre, qui appartiennent tous les deux à des générations différentes, que séparent des siècles, des vécus et des contextes souvent inconciliables, c’est un peu aller trop vite en besogne. Ni dans La poudre de l’intelligence, ni dans Nédjma ni dans aucune des œuvres de cet auteur de génie nous ne trouvons ce qui pourrait justifier un parallèle ou une comparaison avec l’auteur de «Les métamorphoses ou l’âne d’or». Cela dit il n’en demeure pas moins que Fatima Malika Boukhelou en a fait une lecture qui ouvrirait, peut-être, des brèches à de nouvelles approches pour étudier l’œuvre katebienne. Le corps et la poétique des quatre éléments dans la pièce «Les ancêtres redoublent de férocité», Nadia Tidmimt, de l’Université Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou, a quant à elle tenté une approche plus réaliste, plus pragmatique de cette pièce tragique. Lui succédant dans une intervention intitulée «Nedjma, écriture polyphonique de ruptures ou la rébellion esthétique», Chebili Ali, enseignant au département de français, Université Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou, posa d’emblée les items du nouveau roman algérien représenté par Mammeri, Dib et Feraoun et le cas particulier de l’écriture de Kateb Yacine, se référant à plusieurs reprises au style Balzacien pour étayer son raisonnement. Cependant, M. Chebili aurait été plus inspiré de tenir compte du contexte qui a vu naitre l’œuvre katebiennne dans son ensemble et de Nédjma en particulier, en ce sens que Kateb est plus proche, dans sa démarche, du peuple et de sa souffrance qu’il décrit de façon sublime. Avec métaphores et de manière vertigineuse et violente, ne dit-il pas «Le poète comme un boxeur». Pour sa part Mohamed Lakhdar Maougal, écrivain et professeur à l’Université d’Alger, abordant «L’Amazighité chez Kateb Yacine», a gratifié l’assistance assez nombreuse et attentive, d’une présentation assez alambiquée du thème. Revenant sur la crise berbériste du PPA, il liera Messali L’Hadj et sa tendance à l’autoritarisme et au mythe, à l’isolement d’Aït Ahmed par la création de l’O.S, à certains écrits de Yacine Kateb dans la poudre de l’intelligence, du Polygone étoilé et la pièce le cadavre encerclé qui a connu deux versions, la première au début des années cinquante et publiée par le Nouvel Observateur, avant de s’effondrer en larmes en évoquant «le paysan kabyle qui avait offert au père de Kateb un vautour qui s’est laissé mourir en refusant la nourriture». Mieux vaut mourir de faim que vivre sous le joug d’un maître et encagé.

Sadek A.H

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