À l’instar de plusieurs groupes d’artistes qui n’ont pas fait long feu dans la chanson kabyle, et ce, pour différentes raisons, le groupe Inemlayen, créé vers le début des années 1980, s’est « désagrégé » quelques années après sa création, car les éléments qui le composaient étaient pris par les circonstances de la vie. Pourtant, ce groupe avait tout pour réussir. Néanmoins, il a laissé des œuvres mémorables et des chansons fredonnées encore par leurs fans. Inemlayen était connu surtout pour la chanson phare « Tsxilem a yemma ». L’aventure a commencé avec la rencontre de plusieurs artistes de talents formés de Mahfoud Mekbel (vocaliste), Djamel Mansouri, Zahir Kasri et Omar Khrib pour ne citer que ceux-là. C’était des artistes engagés corps et âme pour la cause Amazighe et la démocratie. Dans leurs chansons, ils « tonnent » toute leur rage et leur frustration de voir leur identité et langue frappées d’ostracisme par le pouvoir totalitaire de l’époque. La première prestation publique de Inemlayen a été anecdotique: Au 2e festival des arts populaires qui se tint à la salle Atlas d’Alger en 1982, lequel a vu la participation de plusieurs artistes venant de tout le pays, ce groupe s’est produit sur scène et s’est distingué en plus avec le prix qu’il avait raflé par une action pour le moins hardie, à l’époque où la prononciation du terme « Amazigh » pouvait valoir à son auteur de gros ennuis. En effet, nos valeureux artistes se sont produits sur scène en installant le sacro-saint signe des Imazighen. C’est ce qui a poussé l’ex-RTA à « zapper » le passage de ce groupe en ne montrant pas les images de sa prestation, ce qui ne fut pas le cas pour le reste des participants lesquels ont été eux, filmés! Ceci pour l’anecdote. Malheureusement, ce début tonitruant d’Inemlayen n’a pas duré dans le temps, puisque les membres le composant se sont dispersés, c’est alors que le vocaliste Mahfoud, qui est originaire du village de Semaoun dans la vallée de la Soummam, a décidé de continuer l’aventure seul contre vents et marées. Le groupe prendra alors le nom de Mahfoud Inemlayen. Celui-ci reprend sa guitare et son verbe acerbe de chanteur engagé pour se produire dans des galas en France particulièrement, là où il y a une forte communauté Amazighe. Nonobstant le fait que Mahfoud était « esseulé », il n’avait pas, pour autant, raccroché sa guitare pour produire deux albums, l’un en 1992 et l’autre en 1999. Actuellement, notre artiste vit toujours en France. Et les fans et nostalgiques de ce mythique groupe, qui n’a certes pas connu la gloire espérée, à cause de la dispersion précoce de ses membres, ne désespèrent pas de voir un jour Inemlayen reprendre le chemin des studios pour produire un album, lequel leur rappellerait les années fastes de cet immense groupe engagé pour les causes justes.
Y. Samir.