Nna Geltum nouveau recueil de nouvelles

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Le rêve fou, lancé dans les années 80 par quelques pionniers à l’audace inouïe comme feu Rachid Aliche, Saïd Sadi et Amar Mezdad de faire passer la littérature kabyle de son statut de littérature orale à celui de littérature écrite, est devenu enfin réalité.

D’année en années la production littéraire kabyle ne cesse de s’étoffer de nouveaux ouvragesDépassant le cadre étroit du conte et de la poésie, cette littérature se voit enfin enrichie de romans, nouvelles, pièces théâtrales, essaies, pamphlets, écrits journalistiques, prouvant ainsi aux nombreux détracteurs de cette culture et de cette langue, qui voudraient la confiner dans un statut de pur folklore, que le verbe cher à feu Mouloud Mammeri est capable de prendre en charge tous les aspect de la création intellectuelle et qu’à l’instar de toutes les autres langues de l’humanité la langue amazighe est elle aussi langue de réflexion, de communication, de création et n’a absolument rien à envier aux autres. C’est ce que vient de confirmer, cette semaine, la sortie d’un nouveau recueil de nouvelles intitulé Nna Geltum, signé Mhenni Khalifi et édité chez les éditions «Tira» de Brahim Tazaghart. Ce livre de 135 pages contient six nouvelles. Les thèmes principaux touchent au patrimoine et au social et flirtent agréablement avec la philosophie et l’art de vivre. «J’ai intitulé mon recueil Nna Geltum en souvenir de ma grand-mère à qui je rends hommage dans le première nouvelle du livre», nous dira l’auteur. Les autres nouvelles sont «Tafrara Tamenzut», «Tit n usirem», «Tughalin», «Tawenza», et enfin «Imejɛuren n wakal». L’auteur nous apprendra également que les trois première nouvelles de son livre ont été primées dans différents concours. Il faut le dire Mhenni Khalifi n’est pas à son premier coup d’essai, puisqu’il a déjà à son actif trois ouvrages édités : Nehta n uḥulfu , un recueil de poésie, Asdawan, roman, publiés tous les deux en 2014. L’auteur nous avouera son soulagement de voir enfin ses efforts aboutir : ««La majorité de ces textes furent écrits au cours de ces quatre dernières années. Après une longue attente je suis soulagé de le voir enfin édité. Mon plus grand souhait est de voir la complicité auteurs-éditeurs devenir de plus en plus solide à l’avenir. Mais le must serait évidemment de voir se consolider la complicité «auteurs- éditeurs-lecteurs-critiques littéraires». A mon avis, on ne doit pas se contenter d’inciter les gens à la lecture. Nous devons aussi leur demander, si ce n’est une critique, du moins un avis, dans le souci majeur et légitime d’élever le niveau de la littérature kabyle naissante, pour lui faire atteindre des sommets à la mesure de nos rêves». On ne peut que partager ce souhait avec Mhenni Khalifi, d’autant plus que la plume incisive de ce digne fils d’Adrar n Fad, qui est venu au monde dans l’années 1990, ne cesse de nous interpeller chaque lundi dans les pages du supplément en tamazight de notre journal «aɣmis n imaziɣen».

A. S. Amazigh

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