Le CC des jeunes active

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Fraîchement créé le conseil communal des jeunes d’Akfadou (CCJA) est sur les pas des grands, à en juger la ribambelle d’activités organisées depuis sa création. En effet, les membres dudit conseil, de concert avec l’APC, ont organisé dans la journée de vendredi dernier une conférence sous le thème «L’enseignement des mathématiques en langue maternelle à travers l’intégration des matières». La maison de jeunes d’Akfadou, sise au lieudit Thiniri, a abrité cette conférence animée par Rachid At Ali Uqasi (enseignant au OCDSB  »Ottawa Carlton-District-School Board » et membre de la fondation Tiregwa du Canada) et Malika At 3amer (enseignante au Canada). Des invités prestigieux étaient présents, à l’image d’Ouazib Mohand Ameziane, Mokrance Gacem, Malek Beldjoudi et Ahcene Mariche. Par ailleurs, une exposition artistique (œuvres d’art, livres, objets traditionnels…) ainsi que des ventes dédicaces était au programme qu’ont concocté les membres du CCJA. Dans l’après-midi de la journée du vendredi, les convives ont eu droit à un spectacle de danse kabyle, magistralement interprété par deux jeunes garçons et filles. Et le septième art n’était pas en reste. Une pièce théâtrale était au programme. La conférence-débat qu’ont animée Rachid At Ali et Malika At 3amer fut suivie avec grand intérêt par l’assistance. Une grande foule s’est déplacée pour assister à cette rencontre très attendue. Des personnes de tous âges, des enseignants de langue amazighe, des passionnés de la culture ont écouté avec attention les conférenciers qui ont longuement expliqué quel était le profil d’un enseignement de qualité qui sache captiver l’intérêt des élèves. «Le multilinguisme est au cœur de l’identité puisque les langues sont un aspect fondamental de l’identité culturelle de chaque individu. Pour cette raison, le multilinguisme est explicitement mentionné dans le système éducatif canadien. L’enseignement des langues a, depuis de nombreuses années déjà une place bien établie dans les recommandations communautaires en matière d’éducation. La promotion de la diversité linguistique dans l’éducation et la formation a toujours été considérée comme un facteur important pour la réussite du projet canadien», expliquera Mme Malika At 3amer. «L’apprentissage de chaque langue requiert plus de fluidité et d’interactivité pour mieux attirer les enfants et les embarquer dans ce projet si important», dixit la conférencière. Par ailleurs, afin d’illustrer l’enseignement des mathématiques en langue maternelle à travers l’intégration des matières, la conférencière a mis en projection son expérience personnelle en sa qualité d’enseignante. En effet, Mme Malika At 3amer a mené une petite expérience dans une classe de maternelle à Ontario (Canada) ayant mis en exergue une petite histoire relatant le génie de René Descartes. L’histoire est titrée «izzi dhi sqef» (une mouche au plafond) où les enfants participent à des ateliers leur permettant de mieux assimiler les mathématiques d’une manière ludique et sans altérer l’intérêt des bambins. «L’enseignement c’est le caractère et la personnalité. Les mathématiques n’existent pas sans langage. Les mathématiques sont un langage qui, pour être compris, exige qu’on utilise et qu’on le mêle à de nombreuses autres langues», affirme la conférencière. Et d’ajouter : «Je suis pour l’ouverture, mais pas au détriment de ma culture». Le Professeur Rachid At Ali abondera dans le même ordre d’idées, en rappelant tout au long de son exposé pédagogique que l’approche par compétence est une méthode qui a fait ses preuves dans les pays développés, d’autant plus que l’utilisation des moyens pédagogiques est une condition sine qua non pour mener à bout cette approche. «En Algérie, les méthodes d’enseignement sont aux antipodes de ce qui s’applique dans les pays aspirant à relever le niveau de l’éducation», dira le conférencier. Et d’enchaîner : «Le trouble identitaire accouche de monstruosités» Les paramètres qui structurent un programme d’éducation sont notamment la disponibilité des ressources, les objectifs pédagogiques et sociaux et l’environnement politique dans lequel ce genre de programme doit être mis en œuvre. Les exemples décrits ci-dessus illustrent plusieurs de ces paramètres, qui ont tous donné lieu à des modèles d’éducation novateurs et efficaces. «Il est également clair que le succès des modèles d’éducation suppose la collaboration de plus d’un ou deux acteurs. Le développement de la langue elle-même, l’élaboration de matériel pédagogique, la formation des enseignants, le plaidoyer au sein de la communauté et le financement sont autant d’aspects qui exigent la participation de multiples acteurs au processus. Pour cette raison, tout gouvernement qui envisagerait de mettre en place un programme d’éducation en langue maternelle serait bien inspiré de se donner pour objectif d’y associer des partenaires multiples afin d’en assurer le succès», rappellera Rachid At Ali. «Il est plus que primordial de renouveler ce genre de rencontres visant avant tout à inculquer de nouvelles approches pédagogiques qui peuvent s’avérer un outil de taille pour préparer l’école de demain», nous dira un jeune universitaire, présent dans la salle des conférences de la maison de jeunes d’Akfadou.

Bachir Djaider

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