Quel avenir pour le Festival international du théâtre ?

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La crise que vit actuellement le Théâtre Régional de Béjaïa risque-t-elle de déborder sur le Festival international du théâtre, organisé chaque année en octobre-novembre ?

Chaque jour apporte avec lui son lot de révélations inquiétantes sur l’état dans lequel se trouve cet organisme. Il est pourtant la fierté de Béjaïa, avec son architecture magnifique et ses activités riches et nombreuses. Il a accueilli sur ses planches des noms célèbres depuis sa création et a été dirigé par de grandes personnalités comme Abdelmalek Bouguermouh et Mohamed Fellag. Il est aujourd’hui dans un état d’agonie, sans direction, ni budget ni activités. Il survit grâce à des subventions. Le ministère de la Culture a récemment dénoncé « la gestion calamiteuse » de plusieurs théâtres régionaux, dont celui de Béjaïa. Pendant les années où l’argent coulait à flots, le théâtre a recruté sans compter et a engagé un personnel pléthorique dont on ne sait plus quoi faire aujourd’hui. Avec soixante employés, le théâtre a largement dépassé les règles prudentielles en matière de gestion. A titre comparatif, on cite l’exemple du Théâtre Régional de Mascara qui fonctionnerait seulement avec treize personnes. Au théâtre de Béjaïa, on a également omis, pendant plusieurs années, de verser les cotisations sociales des travailleurs pourtant ponctionnés sur leurs salaires. Il a par ailleurs traîné pendant longtemps une dette de plus de dix millions de dinars d’impôts. Une dette épongée depuis, puisque honorée grâce à l’établissement d’un échéancier avec la direction des impôts.

Confusion des genres

Le directeur du TRB cumulait sa fonction de premier responsable de l’EPIC TRB avec celle de Commissaire du Festival International de Théâtre de Béjaïa. Ce Festival était organisé dans l’enceinte même du TRB avec les moyens logistiques et le personnel de cet organisme. Alors que le TNA par exemple exigerait huit pour cent du budget de chaque Festival organisé sous son toit, le TRB ne percevait pas un seul centime, même pas pour couvrir les charges ordinaires comme les factures d’électricité et d’eau, laissées à la charge du Théâtre. Au lieu de verser au TRB les montants dus pour faire face à la nécessité de l’entretien, de la mise à niveau de son infrastructure et de ses équipements et de la formation de son personnel, le Festival a abusé des moyens dudit théâtre, sans dédommagement aucun. Par contre, un certain nombre d’employés étaient quant à eux bien payés pour leur travail lors dudit Festival. Cet argent aurait dû être versé au Théâtre qui aurait été chargé de payer son personnel. La confusion entre les deux missions a fait qu’en termes de gestion, il y a eu une énorme confusion et un mélange des genres.

Restrictions budgétaires

à l’occasion de la 8ème édition du Festival, organisée à l’automne dernier, le Commissaire, ancien directeur du TRB parti en retraite, avait annoncé une crise budgétaire et des restrictions concernant ledit Festival, de l’ordre de cinquante pour cent. Même les sponsors habituels de l’événement s’étaient désengagés. L’événement s’est déroulé de manière chaotique. Mais fait étonnant, près de la moitié des activités du Festival se sont déroulées à la Maison de la Culture. Les observateurs ont remarqué ce glissement du Festival du haut de la ville vers la plaine. Comme si on préparait déjà sa délocalisation. C’est la première fois que la Maison de la Culture de Béjaia abritait autant d’activités du Festival, alors qu’habituellement, elle n’accueillait que quelques activités secondaires. De plus, remarquent les observateurs, ledit Festival a commencé dangereusement à s’excentrer, puisque plusieurs autres villes d’Algérie ont accueilli des pièces de théâtre initialement toutes prévues au TRB. Est-ce le début de la délocalisation pure et simple de ce Festival ? Que se cache-t-il derrière cette situation de confusion et de chaos au TRB, laissé sans directeur ? Pendant ce temps, les travailleurs ont enclenché un mouvement de contestation depuis le mois de décembre dernier pour réclamer la pérennisation de leurs emplois. Mais rien n’indique que la bataille est gagnée. Qu’en sera t-il donc de la 9ème édition du Festival International de Théâtre de Béjaïa ? Y aura-t-il des changements dans la composition de son Commissariat et dans sa localisation ? Des voix vont même jusqu’à s’interroger si cette neuvième édition aura bien lieu.

N. Si Yani

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