Farid Ferragui honoré !

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Le musée régional du Moudjahid de Tizi-Ouzou a honoré le grand chanteur kabyle Farid Ferragui, lui rendant hommage pour sa longue carrière de plus de 30 ans et son riche répertoire.

Le catalogue de l’artiste est fait de plusieurs dizaines de titres diversifiés, dont Ayizmawène yetsou tarikh. A travers cette chanson, l’artiste rappelle, en effet, les mérites de tous ces héros de la révolution dont les noms ont été jetés aux oubliettes. Un texte critique à l’adresse de ceux qui ont failli à leur responsabilité d’honorer et de cultiver leurs mémoires. La cérémonie d’hommage à l’artiste s’est déroulée, lundi dernier, en présence de Chabane Hamcha, le directeur du musée, et de nombreux invités, tels M. Si Ouali Aït Ahmed, ancien officier de l’ALN, El Hadj Amar Mellah, le fils unique du chahid le colonel Ali Mellah et Mokrane Hamoud, président de la commission des investissements de l’APW, entre autres. Après l’hymne national, une minute de silence à la mémoire de tous les martyrs de la révolution et la lecture de la Fatiha, M. Hamcha prit la parole pour souhaiter la bienvenue au chanteur Farid Ferragui ainsi qu’à tous les présents, avant de faire un exposé sur les objectifs et les missions de ce haut lieu de la conservation de la mémoire de la Kabylie. «Si le musée régional honore les martyrs qui ont sacrifié leurs vies pour le recouvrement de notre indépendance et de notre liberté spoliée par le colonisateur français ainsi que les anciens moudjahidine qui ont survécu à cet enfer, il n’en demeure pas moins que d’autres Algériens ont contribué par leur plume, leur voix ou d’autres moyens à l’épanouissement de notre pays. Ceux-ci méritent tout autant notre hommage et notre reconnaissance», dira l’orateur. Pourtant rompu à la scène, mais ému aux larmes, Farid Ferragui eut, cette fois, toutes les peines à prendre la parole. Après un moment de silence qui ébranla l’assistance, le chanteur dira : «Je vous demande à tous de m’excuser car ce n’est pas facile pour moi d’être dans une telle situation d’émotion. Croyez-moi, cet honneur que vous me faites me bouleverse au plus haut point. C’est un énorme cadeau que m’offre votre prestigieuse institution qui représente la mémoire, l’histoire de la wilaya III». Il abordera ensuite les circonstances d’écriture de sa chanson «Ayizmawène yetsou tarikh». «Je suis très heureux d’avoir à mes côtés mon frère et ami El Hadj Amar Mellah avec qui j’ai partagé le même espace de jeu pendant la révolution et enduré la même misère et les mêmes privations. Notre village Taka était situé en zone interdite. Il deviendra même un camp de regroupement, entouré de barbelé où tout le monde était surveillé dans ses moindres mouvements. Il est donc facile de juger quant aux traumatismes que nous avions subis, nous les enfants de la guerre», dira Farid Ferragui. Il racontera ensuite comment les souvenirs douloureux l’ont poursuivi et hanté de jour comme de nuit. Il expliquera que c’est en se remémorant tous ces martyrs qui avaient laissé leurs enfants et leurs femmes sans aucune ressource et en voyant que rien n’était fait pour sauvegarder leur mémoire que l’idée avait germé dans son esprit d’écrire cette chanson. «Je voulais en faire une véritable épine dans la tête des responsables, afin de les rappeler à leur devoir de ne pas oublier les chouhada», a terminé le chanteur. Une médaille, un tableau d’honneur et une photo-souvenir avec la veuve du chahid le colonel Ali Mellah dit «Si Chérif» lui ont ensuite été remis. Dans son intervention, El Hadj Ali Mellah reviendra, à son tour, longuement sur l’enfance de Farid Ferragui. «Comme tous les enfants ayant vécu dans des zones interdites, Ali est un vrai enfant de la guerre. Et toutes ses chansons qu’on considère comme des chansons d’amour expriment en réalité ses traumatismes. Je m’excuse de cette confidence intime, car il a toujours caché au fond de lui des souvenirs douloureux», dira le fils unique du chahid colonel Ali Mellah.

Essaid Mouas.

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