Le conte, entre le rêve et la réalité !

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«La place de l’orateur dans le conte kabyle» est le thème de la conférence littéraire animée par M. Brahim Ben Taleb (auteur et ancien militant du MCB), dans la matinée du lundi 26 mars 2018. La modératrice est Mme Berkani Fatiha. C’est dans le cadre du Festival «Lire en fête», que la bibliothèque principale de lecture publique a abrité cette conférence destinée essentiellement aux enfants qui étaient nombreux et très attentifs à la chose car elle est donnée dans la langue maternelle et la langue française. Le conférencier donne aux enfants présents la signification du «conteur» ou «conteuse» : (celui ou celle qui raconte oralement une histoire sans support autre que ses connaissances, son imaginaire et ses talents d’improvisation. L’art de raconter se différencie donc à la fois de celui de l’écriture, de la lecture à haute voix et de la simple récitation.) Le conférencier donne les circonstances du pourquoi raconter un conte, ce qui est valable aussi dans les autres sociétés, à travers le monde, autres que la nôtre «la nécessité d’un recours systématique à la mémoire des conteurs pour se rappeler une histoire d’un répertoire assez riche et diversifié. La transmission de certains rites, avertissement des dangers encourus par la communauté (famine, guerres par exemple). Certains rites perdurent tout en étant plus ou moins transformés, éducation des enfants, lien social au sein d’une même communauté : morale, culture … » Le conférencier dira aussi «Il y a mille et une façons de raconter une histoire!» et il donne les circonstances, notamment la nécessité de raconter un conte aux enfants réunis autour de la vieille avant de dormir. Elle raconte et encourage les enfants à devenir des hommes et des femmes (adultes) en fonction de l’état psychologique de l’enfant.» Le conte a toujours des objectifs à atteindre «la conteuse cherche à décomplexer les enfants, être écouté. Le conte est très intéressant pour l’évolution de l’enfant car il permet et pousse l’enfant à la réflexion, à l’imitation de tel ou tel personnage important du conte. Et la vieille imagine en fonction des besoins de l’enfant qui «le plus souvent tourne autour des efforts à faire, de la formation du caractère, de la personnalité à forger, la patience, l’endurance, faire du bien, combattre le mal et les mauvais … et l’enfant est assurément influencé par cette histoire qu’il vient d’écouter et d’apprendre, car retenue, mais oralement» Le conférencier n’omet pas d’attirer l’attention des enfants sur «les fréquentations qui n’aboutissent pas à de bons résultats et de rappeler «Dis-moi qui tu fréquentes, je te dirai qui tu es !» et de toucher du doigt «A travers les aventures du héros du conte, c’est sur le chemin de sa propre connaissance que l’enfant s’engage, la période des cinq à sept ans tout d’abord, puis celle de la préadolescence ou de l’adolescence est aussi comme un révélateur des différentes facettes de son moi». Et chaque conte a ses avantages. Le conférencier cite deux exemples «le grain magique de Taouès Amrouche «A3eqqa i ssawalen» (faisant un parallèle avec le porteur de la nouvelle technologie actuelle) et «Avava inouva» du chanteur Idir. Pour le conférencier, il existe quatre écoles : La famille en premier lieu, la rue avec toutes ses influences comportant un danger pour l’enfant, l’école elle-même en troisième position et les voyages «qui instruisent !». Le conférencier répond aux nombreuses questions posées par les enfants qui rappellent les différents jeux d’enfance et qui ont disparu avec regret et remplacés par l’internet auquel il faut faire très attention, comme le dicte l’exemple de «la baleine bleue». Une conférence très écoutée, d’autant plus que le conte ne se borne pas à nous transporter dans l’imaginaire. C’est un médiateur de la vie psychique qui permet une remise en route du plaisir de penser, d’imaginer. C’est un compromis entre le rêve et la réalité, il aide et consolide les relations entre le conteur et celui qui écoute.

M A Tadjer

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