“Le diable au corps” est le premier roman de l’écrivain français, Raymond Radiguet (1903-1923). Paru l’année même de sa mort, le roman suscita une vaste polémique au point de lui donner une renommée qui surpassa largement les attentes de l’auteur. Les griefs retenus contre le roman sont multiples, mais ils ont tous un point commun : la guerre. Ses détracteurs, l’accusent par exemple, d’irrespect envers le soldat, d’entorse aux usages en cours qui font de la guerre, selon les mots de Prévert, une “connerie”. Fasciné par la guerre, Radiguet est allé jusqu’à dire “qu’elle est la meilleure période où peuvent prospérer les amours et libérer les amants des contraintes qu’on rencontre en temps de paix”.Le scandale qu’il provoqua lui fut tellement heureux, qu’on l’adapta rapidement au cinéma et qu’on l’entoure d’un véritable mythe qui continue de nos jours de lui procurer des millions de lecteurs. Le roman raconte l’histoire d’un jeune lycéen nommé François que la guerre a rendu adulte avant l’heure. Nouant une relation amoureuse avec Marthe, femme d’un soldat parti au front, François va connaître le bonheur dans ces temps troubles de la guerre, avant de faire face à des situations complexes qui lui rappellent ses limites d’adolescent émancipé. Marthe plus âgée que lui l’aime d’un amour sans limites, mais François n’a pas l’envergure pour se montrer à la hauteur de cet amour. Lorsque Marthe tombe enceinte, François fuit cette nouvelle responsabilité et ne veut pas accepter d’être le père de l’enfant.Plus grave, après la naissance de l’enfant, Marthe mourante voulait revoir son amant avant de mourir, mais par faiblesse et lâcheté, François refuse et abandonne celle qui lui a procuré les meilleurs moments de sa vie. Cynique, désenchanté, Radiguet nous rappelle quelque part les personnages de Gide surtout celui de “L’Immoraliste”. Presque un siècle après sa publication “Le Diable au corps”, n’a rien perdu de sa fraîcheur.
Boualem B.