Babor eghraq fait un tabac !

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La pièce théâtrale Babor eghraq, de Slimane Benaissa, a fait sensation dans la soirée d'avant-hier au théâtre régional Kateb Yacine.

La salle était archicomble d’un public constitué de familles venues de tous les coins de la wilaya. Il y avait également des sénateurs, des députés, des élus locaux et le recteur de l’université, entre autres. La pièce était interprétée par trois comédiens des plus chevronnés : Slimane Benaissa dans le rôle de l’homme du peuple, Omar Guendouz dans le rôle de l’affairiste et Mustapha Ayad dans celui de l’intellectuel. Leur talent a captivé l’attention de l’assistance tout au long de la pièce. Sur scène, un décor sobre : un bateau, des escaliers, une table… La pièce commence par la lecture d’une lettre non datée, à envoyer à l’ONU et dans laquelle il est demandé l’indépendance du pays… Les tableaux se succèdent. Les dialogues, plus lourds de sens les uns que les autres, se suivent. «Ceux qui sont en bas cherchent à monter en haut et ceux qui sont en haut, refusent de descendre en bas !». «Beaucoup d’encre et de salive ont coulé au sujet des vrais et des faux moudjahidines». «J’étais très jeune, mais j’ai participé à la révolution par amour de la Patrie !». Les trois naufragés ont faim, ils ne peuvent pas tous survivre. «Mais qui sera mangé pour que les autres survivent ?». On décide d’un vote « démocratique »… La pièce est ponctuée d’un rappel de l’histoire du pays, de son identité amazighe. Le public ne cessera d’applaudir, debout, durant de longues minutes. La salle résonnait de youyous. Et ce fut le grand succès deux soirées consécutives.

M A Tadjer

SLIMANE BENAISSA, metteur en scène et comédien

“Cette pièce a été créée ici à Tizi”

«C’est un grand plaisir d’être ici à Tizi-Ouzou, devant un public fin connaisseur du théâtre. Cette pièce a été créée ici à Tizi, dans une période difficile de son histoire moderne (les événements de 1980). Elle fut montée en 1982, quand Sid Ahmed Agoumi était directeur de la Maison de la culture. Vous comprendrez donc le sentiment particulier que nous avons à être ici. Quant à l’histoire de la pièce, ce sont trois naufragés qui essaient de s’en sortir, pris dans un bateau qui coule. Une grave décision doit être prise, il faut voter. C’est l’occasion de revenir sur certaines vieilles pratiques ‘’démocratiques’’ de l’ex-parti unique».

Propos recueillis par M. A. T.

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