Accueil Culture Le roi de Césarée ressuscité

Théâtre Régional Kateb Yacine - Générale de la pièce Juba II : Le roi de Césarée ressuscité

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Juba II est l’intitulé de la pièce théâtrale du metteur en scène Mokrab Lyès, dont la générale a eu lieu jeudi dernier au théâtre régional Kateb Yacine. La salle était pleine et les invités nombreux.

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Ils ont assisté à une superbe prestation des douze comédiens dont trois filles et de quatre danseurs dont deux filles. Ce soir, le public s’est régalé et les absents ont toujours tort. Durant plus d’une heure, le public est tenu en haleine et suivait avec attention les nombreux tableaux de la pièce ponctués à chaque fois par de longs applaudissements. La narratrice, Ghemouri Dihia annonce la couleur, en longeant l’allée principale de la salle par un chant glorifiant Juba II. Elle change d’attitudes à chacun des tableaux, tantôt triste, tantôt en colère, tantôt joyeuse. C’est à ce moment-là que le rideau se lève pour découvrir des soldats de Juba II qui passent trainant le pas, en boitant, et portant des blessés. L’un des comédiens se désole : «Mon grand-père Massinissa n’a pas voulu ça !» Il dénonce et implique la société ! Après l’effondrement du royaume de Juba I, son fils Juba II, n’avait que cinq ans. Il fut pris en otage par César qui avait pris aussi Sélénné (Mekhmoukhen Djedjiga), fille de Cléopâtre et de Marc Antoine. Ils furent élevés par Octavia, à Rome. Les deux otages ont grandi ensemble et finirent par se marier. Sur scène, Juba II parait désorienté par les propos de Séléné qui brise les tabous en déclarant son amour à Juba II (applaudissements dans la salle). Le tableau suivant relate la réunion avec les habitants de la cité «Mon identité, je l’ai acquise avec mes ancêtres : Gaya, Massissina, Juba I. Je suis content d’être parmi vous. Il est temps que nous nous levions !» Cette réplique fut applaudie par la salle et fait rappeler le titre de l’œuvre d’Idir Aït Amrane «Akar amis u mazigh». Des architectes d’Egypte : Mahouche Madjid et de Grèce : Belkacem Ahmed, défilent en Mauritanie et à Cirta pour présenter leurs projets de reconstruction des cités détruites ! Par qui ? ? (Cela nous renvoie aussi en Irak, en Syrie…) «Je construirai le royaume en dépit du manque de moyens et nous nous mettrons au travail. Des pièces de monnaie sont fabriquées en Mauritanie. Le mariage eu lieu dans une ambiance festive et le public accompagnait la musique par des applaudissements. La princesse se sent enceinte et c’est son mois pour accoucher et demande à la serveuse (narratrice) de lui chanter une ou deux chansons pour s’oublier et retrouver son calme. Le roi arrive, elle le somme par des propos blessants : «Tu m’as laissée et tu t’occupes trop des autres !»- «Non, je ne t’ai pas oubliée. La gestion du royaume est difficile et la cité veut davantage. Nos montagnards ont le ventre vide. Ils ne pourront faire la guerre». Ses disciples lui conseillent d’aller à la rencontre de ses concitoyens (sujets) pour comprendre leurs préoccupations et leurs douleurs. Devant cette obstination du roi, la reine eut un arrêt cardiaque. La Mauritanie se rallie. Takfarinas envoie un émissaire à Juba II pour lui demander de le soutenir dans son combat contre Rome. «Celui qui n’a rien entre les mains, doit se taire ou suivre», dira le roi à la cour. L’un voudrait une paix à l’amiable : le savoir, la science, l’instruction passent avant pour se préparer à la défense. L’autre veut l’arracher par les armes. Le décor, notamment les costumes reflètent dans leur ensemble ceux de l’époque. La musique est améliorée. Les dialogues sont audibles avec les écouteurs, ce qui a été toujours demandé. Cependant, la gesticulation des comédiens est à approfondir tout en se débarrassant des complexes. Après le patrimoine culturel et immatériel de la veille, le public a assisté à un patrimoine historique.

M A Tadjer

Fellag Malik, dans le rôle Juba II

«Une tournée nationale est prévue»

«Il n’est pas facile de jouer le rôle de Aguelid Juba II. C’est un honneur pour moi. Il a toujours essayé de lutter pour acquérir ce savoir, cette science tant désirée car : ‘’Un peuple instruit ne peut être dominé !’‘. Séléné est morte soudainement suite aux angoisses provoquées par les fréquentes absences du Roi. Relater cette page d’histoire de la Numidie n’est pas aisée et surtout en une pièce de théâtre. Je remercie le public qui a été formidable, il est conscient de cette réalité. Le message est passé 5/5 ! Une tournée nationale est prévue».

Nabila Gouméziane, directrice de la culture

«Cette page d’Histoire fait partie du patrimoine historique»

«Tout d’abord, mes vives félicitations au metteur en scène Mokrab Lyès et à toute l’équipe de la troupe. C’est un retour sur la profondeur de l’histoire de l’Afrique du Nord, de Tamazgha. Nous avons constaté, une fois encore que le 4ème art collabore et permet la transmission du message historique. Je suis très heureuse de ce public venu très nombreux, un public attentionné. Cette page d’histoire fait partie aussi du patrimoine historique dans toute sa profondeur Amazighe !»

Mokrab Lyès, metteur en scène «On ne doit pas

marginaliser les artistes»

«Sans culture, sans économie, sans science et conscience rien ne se fera dans un pays, aussi grand soit-il. On ne doit pas marginaliser les artistes, les savants, les connaisseurs, car c’est grâce à eux qu’un pays peut se développer. J’espère que notre pays fera partie de ceux-là. Juba II l’a fait et les traces sont vivaces aujourd’hui. Il y a des sacrifices à faire pour ceux qui prennent à cœur leur profession, leur mission !»

Propos recueillis par M A T

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