«J’ai beaucoup appris en lisant Mammeri»

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La production littéraire et poétique en langue amazighe continue à faire son bonhomme de chemin, doucement mais sûrement. Le poète Omar Idir qui vient de signer son premier recueil de poésie intitulé Ashissef, Tuzzma, Assirem, relate dans cet entretien son parcours et les motivations qui l’ont poussé à écrire et à s’intéresser à la poésie.

La Dépêche de Kabylie : Quelle est votre histoire avec la poésie ?

Omar Idir : L’histoire remonte à très loin. En 1981, j’avais onze ans, juste après les évènements d’avril 1980, je suis tombé sur le premier calendrier en Tifinagh qui comportait aussi l’alphabet. A cet âge, j’ai appris le Tifinagh et j’écrivais dans cette langue. Puis, comme le hasard fait bien les choses, je suis tombé sur le livre des Isefra de Si Mohand U M’hand, écrit par Mouloud Mammeri. C’était fabuleux et le contenu m’attirait de plus en plus. J’ai appris plusieurs de ces Isefra et j’ai pris goût à la poésie. C’était le véritable déclic. Ces deux personnalités de haut rang, constituaient mes repères. C’était la période de l’éveil des consciences de ceux qui dormaient encore d’un profond sommeil. En 1987, je commençais à composer des poèmes que je mettais de côté car je ne prenais pas la chose au sérieux. Jusqu’au jour, en avril 2017, où j’ai publié un poème (un hommage à Rabah Ouferhat) sur Facebook, qui a eu un très large écho. Des amis m’ont encouragé. Et de là ce fut le bon départ. J’ai fait un tri de tout ce que j’avais fait et j’ai décidé d’en faire un recueil.

Votre recueil est une mosaïque de thématiques…

Dans ce recueil de poèmes, écrits en 2017 et édité le 1er novembre dernier, le lecteur trouvera tout ce qui l’intéresse, car un poète, un artiste, un auteur… écrit ce que les autres ressentent. Il trouvera des poèmes sur l’amour, le social, la joie, les déceptions, le culturel, les sentiments, l’amour des parents, la fraternité, l’exil et bien entendu l’identitaire. Le combat pour la langue qui revient en leitmotiv ne date pas d’aujourd’hui. Ce qu’on fait nos aînés n’a pas été vain. Nous devons beaucoup à tous ceux qui sont morts pour cette langue, à ceux qui ont contribué à son écriture, sa promotion… (De Boulifa à Matoub, en passant par Laïmeche, Aït Manguellet M’barek, Bessaoud Mohand Arab, des femmes aussi…). Il y a aujourd’hui des avancées. Tamazight est reconnue dans son pays, mais il reste beaucoup à faire pour que cette langue ait la place qui doit lui revenir. Nous attendons qu’elle soit vraiment au même titre que la langue arabe, avec tous les moyens nécessaires à sa promotion et une obligatoire généralisation.

Entretien réalisé par M. A. Tadjer.

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