L’œuvre de l’écrivain revisitée

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Les travaux du colloque sur l’écrivain se sont poursuivis pour le deuxième jour où plusieurs intervenants du monde culturel et littéraire ont revisité l’œuvre de Rachid Mimouni.

Le Pr Benouada Lebdai, écrivain algérien établi en France, a présenté une communication où il trace l’autorité positive de l’écrit de Rachid Mimouni sur la société Algérienne. «On constate l’autorité de l’écriture de Rachid Mimouni dans les personnages de ses romans qui racontent l’histoire réelle des gens dans un pays déchiré notamment par le terrorisme», a-t-il constaté. «On constate encore cette autorité après son décès. Sa mort est causée par l’intégrisme islamique durant les années 90. Il était l’un des farouches défenseurs de la République par son roman -De la barbarie en générale et l’intégrisme en particulier-, où il annonça son combat contre la terreur jusqu’à sa mort. Il s’est inspiré d’Emile Zola dans son livre J’accuse.» Son autorité positive a marqué beaucoup d’écrivains notamment Mayssa Bey, Abdelkader Djemai et Kamel Daoud. «Dans les écrits de ces écrivains on trouve souvent quelques choses de Rachid Mimouni qui s’inspire de la vie réelle des gens», a-t-il indiqué, ajoutant que cette influence est perceptible chez les auteurs post-décennie noire. Il considère que Mayssa Bey est le penchant féminin de Rachid Mimouni. Aussi, les écrits de Kamel Daoud constituent une continuité pour l’œuvre de Mimouni mettant ainsi à nu les forces rétrogrades qui bloquent la marche de l’Algérie vers la modernité et son entrée dans le 21ème siècle. «L’autorité et l’influence de Rachid Mimouni sont perceptibles dans son traitement de fond des questions quotidiennes par l’écriture d’histoires dénonçant les problèmes sociaux-politiques ou économiques du pays, la bureaucratie, la corruption et l’insécurité», résume Benouada Lebdaï. Krim Mouloud, ce jeune enseignant à l’université de Boumerdès, originaire de Baghlia, a décortiqué avec une si belle analyse le roman -Le Fleuve détourné- de Rachid Mimouni et nous a offert le plaisir de relire l’œuvre de cet écrivain qui avait su s’adresser au peuple au moment de la censure et de l’autoritaire. Cet enseignant a dit que -Le Fleuve détourné- doit être classé dans la littérature postmoderne, car on trouve dans son œuvre un mélange de genres notamment du théâtre, monologue, écriture fragmentée, réalisme et irréalisme. Pour Glises de La Rivière Orlane, doctorant de l’université de Strasbourg, le roman de Mimouni se caractérise par deux choses qui généralement s’opposent : une quête insatiable du pouvoir empreinte d’une forte humanité rythmée par la voix du personnage principal qui en est le narrateur, l’écriture est aussi directe que les propos sont tranchants. Et d’ajouter «l’écriture de Rachid Mimouni prend une forme de témoignages testamentaires par la voix du narrateur dont on ne saura jamais le nom, le pays, ni même la temporalité dans laquelle se déroule l’histoire. C’est ainsi que le récit de Mimouni est universel puisqu’il peut toucher n’importe quelle forme de totalitarisme. Glise de La Rivière Orlane estime que la totalité de l’œuvre de Mimouni est marquée par la désillusion. Par ailleurs, un prix littéraire au nom du l’écrivain Rachid Mimouni est souhaité parmi les importantes résolutions prises par les participants au colloque international sur cet auteur hors du commun qui s’est achevé ce jeudi à la maison de la culture éponyme de Boumerdès. Le vœu de voir instituer un prix Rachid Mimouni est exaucé, mais cela reste à l’étape embryonnaire. Le Pr Abdelhamid Bourayou ajoute que le prix inclura un segment pour les jeunes. Cela permettra à la jeune génération, notamment aux écoliers de découvrir l’auteur du -Fleuve détourné- qui reste méconnu à ce jour dans les milieux scolaires. Il a été proposé ainsi le changement de salle d’organisation d’évènements culturels. C’est ainsi qu’une grande salle de spectacle s’ouvrira prochainement au niveau du projet de la nouvelle bibliothèque centrale dont les travaux sont en cours au centre ville de la ville de l’ex-Rocher noir.

Youcef Z.

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