»Nous sommes marginalisés par les autorités algériennes »

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Visiblement, toute la surface prévue pour la petite foire du livre, dans le hall de cette institution, est presque vide de gens. A part, un ou deux visiteurs qui balayaient du regard les livres exposés, les stands sont ignorés par le lectorat.11h10, dans cette journée du 5 juin, le lieu réservé pour Casbah édition est sans représentant. L’on revient de temps à autre, une femme à l’accueil nous renseigne, à chaque fois que le chargé de communication, n’y était pas. Chez L’ENAG, Sabrina Djaâd, nous dira que depuis l’ouverture à ce jour, le salon reste boudé par les clients, voir les visiteurs. »A cette occasion nous avons voulu attirer le maximum d’enfants, nous avons même baissé les prix de nos productions jusqu’à 30% afin de les inciter à la lecture et aux jeux éducatifs. Il faut mentionner que des ouvrages sont estimés à des prix bas dont quelques uns sont à 20 D algériens. Je ne crois pas que l’enfant n’y manifeste pas d’intérêt mais tout simplement le rendez-vous a été mal programmé, en cette fin de période scolaire », estime t-elle. « Le rendez-vous, qui a été organisé par la bibliothèque nationale du Hamma et le syndicat national des éditeurs du livre, SNEL, ne répond pas aux normes d’une rencontre dite internationale. De nombreux pays n’ont pas voulu participer et j’estime qu’ils ont pris la bonne décision. Le contrat qu’on a signé avec les organisateurs n’a pas été respecté. On nous dit que le salon est sous le haut patronage du président de la République mais on ne voit même pas la présence de la ministre de la Culture lors de l’inauguration. Je souligne, comme mes confrères étrangers, présents ici, et même de nombreux Algériens que ce salon ne mérite même pas le titre d’une rencontre nationale », dira M’hamed Khaled Zin, représentant de la maison d’édition Dar Nadjm à Dubaï.Il révèle, aussi, qu’il reste très déçu et étonné quant à l’attitude illogique que prennent les autorités algériennes par rapport au peu d’exposant étrangers. « Les trois pays présents dans ce salon sont tous marginalisés par rapport aux nombreux exposants algériens. On a l’impression que c’est plutôt une foire à caractère commercial et non culturel. Pour la location des stands, on nous a imposé, dès notre arrivée, de débourser 6750D algériens par mètre, alors que les Algériens payeront seulement 2500D algériens. Je souligne qu’en plus des frais dépensés pour participer à institutionnaliser un salon international du livre de la jeunesse et de l’enfance en Algérie, nous n’avons pas du tout été gâtés par les autorités algériennes », poursuit-il. Pour le Tunisien Lotfi Guourbal, le représentant d’El Ifriqiya Li El Intadj el Fani et qui a parlé au nom des 7 maisons d’éditions tunisiennes qui ont participé au salon, il se montre désolé quant à cette situation. »Je ne condamne pas cette rencontre juste pour condamner. On a voulu encourager et nous encouragerons toujours l’Algérie à organiser un tel rendez-vous pour échanger nos savoir-faire. Mais il faut admettre qu’on ne peut plus continuer à participer dans de telles conditions. L’organisation de la SILJA a été faite au moment où les étudiants sont en plein examens. Pour qui exposons-nous alors ? », se demande, Guourbal.De la Syrie, Amar Radjab Bacha, témoigne sur un ton de regret, que la SILJA en Algérie a donné une mauvaise image et un apport négatif à l’échange culturel universel, en ce qui concerne cette année. »Nous avons, en Syrie, 100 maisons d’éditions pour enfants, en Tunisie, 100, également et aux Emirats-Arabes, 50. Comment expliquez-vous le fait que la Tunisie participe avec 8 représentants, les Emirats-Arabes et la Syrie avec un seul représentant, chacun ? Les autres n’ont même pas répondu à l’invitation. Pour être sincère, nous nous attendions à un changement et à des progrès, par rapport à l’organisation. On à participé à de nombreuses rencontres internationales mais nul pays ne nous a aussi marginalisés”, confie-t-il.Il est vrai qu’à visiter la première SILJA en Algérie, l’on constate que les produits étrangers des supports pour enfants sont de meilleure qualité que ceux des maisons d’édition nationales. Les exposants étrangers révèlent, toutefois, que l’Algérie a une importante place dans l’édition du livre, dans le monde, mais reste un peu en retard quant à la réalisation des ouvrages pour enfants.

Fazila Boulahbal

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