Légende des Noirs et des déserts

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Amachahou rebbi ats iselhouAts ighzif anechth ousarou.(Ecoutez, que je vous conte une histoire, Dieu fasse qu’elle soit belle, longue et se déroule comme un long fil).Tous les jeunes enfants du monde, quand ils s’éveillent à la vie, posent des questions sur la création. Il y a des enfants qui mettent dans l’embarras leurs parents, en leur posant cette innocente question :“D’ou viennent les enfants ? C’est dans les choux”, leur dit-on souvent ! Si en tout cas nos jeunes enfants se posent des questions à propos de l’origine des Noirs et des déserts, voici l’explication donnée par une légende kabyle.Au moment de la création par Dieu, le Tout-Puissant, les hommes étaient blancs.C’était la seule race qui existait sous toutes les latitudes.A cette époque perdue dans la nuit des temps, il y avait un homme blanc, trop glouton, qui mangeait plus que de raison. Un jour après son retour des champs, il avait très faim. Il trouve sa femme en train de préparer des galettes d’orge, il les avale une à une. Ayant encore faim, il lui demande encore à manger. Sa femme lui prépare des galettes de blé, il les ingurgite avec volupté, mais il n’est pas encore rassasié. En plus des galettes, sa femme avait préparé une marmite pleine d’haricots noirs. Comme il avait toujours faim, il avale les haricots sans les mâcher, pour qu’ils arrivent plus vite dans son estomac (aalidh ou aaboudh is) pour qu’il sente la satiété (thaouante)Enfin, rassasié, il s’allonge dans un coin pour digérer. Quelques heures plus tard, en allant à la selle, les grains d’haricots noirs avalés sans machage,sortent intacts de son estomac. Par la grâce de Dieu, ils deviennent des hommes de couleur noire qui adorent les haricots noirs. Comme le phénomène s’est produit au sud de l’Afrique, l’endroit où ils voient le jour devient leur pays. Ils se multiplient en plusieurs ethnies et essaiment à travers toute la contrée.L’homme auquel ils doivent la vie a, le jour de leur naissance, trop mangé. Pour étancher sa soif, il boit toute l’eau qui se trouvait chez lui. Ayant encore soif, il se rend à « thala » ( la source).Dés qu’il touche de ses lèvres l’eau, et qu’il se met à boire il aspire tellement fort que la source tarit, avant qu’il ne se rassasie. Il se rend dans une autre source juste à côté, c’est le même phénomène qui se produit. Toujours assoiffé, il se dirige vers le fleuve « Assif amoqrane ».Il se met à plat-ventre et aspire avec ses lèvres l’eau. Il boit jusqu’à satiété, mais le fleuve ne change pas de débit. Il est étonné.Ayant tari les sources, il voulait faire tarir le fleuve en le buvant.La tâche s’avérant impossible, il devient furieux, la force hors du commun que le Créateur lui a donnée, il s’en sert pour vaincre le fleuve qui a « osé » lui résister. Pour arrêter sa course, il lui jette des pierres et de la terre pour le combler. L’eau les emporte et se trouble. Les tribus qui vivent en aval sont mécontentes, mais ne disent rien de peur de s’attirer le courroux de l’homme infatué de lui-même et capable de les étriper.Puisque le fleuve ne veut pas s’arrêter de couler, l’homme qui voulait toujours le dompter, allume un grand feu, abat les arbres de la forêt, et les jette incandescents dans le fleuve. Au bout de quelques mois, il n’y avait plus d’arbres à brûler, et l’homme vaniteux a réussi son pari. Toute l’eau s’est évaporée, sous l’effet du feu. Autour de lui, c’est le désert absolu. C’est depuis ce jour, que certaines terres d’Afrique sont devenues des déserts.Our kefount eth h’oudjay inou our kefoun ir den ts emz’ine as n-elaid an en etch ak’ soum ts h’emz’ ine ama n g’a thiouenz’ iz’ ine.(Mes contes ne se terminent comme ne se terminent l’orge et le blé. Le jour de l’Aid, nous mangerons de la viande et des pâtes, jusqu’à avoir des pommettes rouges et saillantes).

Benrejdal Lounes

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