Pari réussi pour les Abranis

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Grand moment de retrouvailles entre le public et les  » précurseurs de la chanson kabyle moderne » dont le dernier gala en date, en Algérie, remonte à l’année 1983 à la salle Atlas à Alger. Cette année c’est la Chaîne II de la Radio nationale qui a eu l’insigne honneur d’accueillir le groupe Les Abranis, un nom emprunté à une ancienne tribu berbère du roi Aksil « Koceila ». Les Abranis est un des plus prestigieux noms de la chanson algérienne. Les membres du groupe se définissent comme étant des rockers. Ils ont marqué par leur style et leurs textes la chanson kabyle. Après une carrière de presque quatre décennies avec des chansons anthologiques comme Laàslama Aya Avehri (bienvenu ô vent !), Ccni-gh le blues (j’ai chanté le blues), Immetti n-Tayri (les larmes de l’amour), Linda, A win yellan d-Amazigh (Ah celui qui est amazigh), le groupe a été témoin de toutes les évolutions qu’a connues le pays, exprimant par le verbe et une musique nouvelle ses angoisses, ses appréhensions, ses préoccupations et ses aspirations, notamment celles des exilés, à des lendemains meilleurs, puisqu’ils ont promis un grand retour sur la scène artistique nationale. C’est en présence d’un public sevré par ce genre de manifestations que le groupe Abranis a fait son apparition sur la scène de l’auditorium Aïssa-Messaoudi de la Radio nationale, sous les ovations des centaines de fans venus apprécier les airs des plus belles chansons des Abranis, celles qui ont marquées la nouvelle chanson kabyle des années 70 et 80.

Karim Abranis, chanteur et guitariste était accompagné par le célèbre batteur Arezki Baroudi, Yannick Guillo pour la guitare solo, Maurice Zemmour, un breton originaire de Vgayet pour la guitare basse, Behik pour les percussions, Raveh Ticilia au clavier et de Velaid Abranis, fils de Karim à la guitare acoustique. La salle semblait tros exiguë pour accueillir le public, dont les centaines de familles venues écouter leurs idoles, « c’est une grande histoire d’amour qui nous lie aux Abranis », confie une sexagénaire venue de Vgayet. Karim Abranis a profité de cette occasion pour saluer le public qui est resté fidèle à leurs idoles et rendre un vibrant hommage à ses anciens complices du groupe comme El Hachemi Bellali, Raveh Khalfa.

Le public reprenait en chœur les superbes chansons du groupe telles que Linda, Id D Wass, Amek Ara Ssabra-gh Fella-m, A Yul-iw, cette dernière a été interprétée par ses deux fils, considérés désormais comme la relève du groupe, Yuva et Velaid.

Pour Hamid Oudjaoud, ancien ami du groupe : « C’est un grand moment d’émotion » il remercie spécialement Karim Abranis pour les travaux accomplis dans ce domaine. La famille de l’artiste n’était pas en reste, des cousins de l’artiste se sont déplacés depuis Tifilkout, son village natal, de Vgayet et du Sud pour assister à ce grand instant de joie avec leur artiste, confient Nna Ghenima et Nna Tounsia, respectivement, sœur et épouse de Karim.

Lors du point de presse animé, jeudi en marge du gala, par Karim Abranis, la figure la plus en vue du groupe, ce dernier a déclaré : « Nous avons directement répondus favorablement à cette invitation de la Chaîne II » et d’ajouter : « Nous allons, ensemble, passer de bons moments et surtout nous rappeler des instants agréables qu’on a passé, déjà, ensemble ».

Concernant la grande absence du groupe de la scène artistique nationale, le conférencier a tenu à préciser que pour moult raisons techniques et surtout sécuritaires et vu la situation difficile qu’a vécue notre pays, « l’ambiance ne prêtait pas pour chanter, cela nous a été difficile de retrouver nos fans dans une situation similaire », a-t-il dit. D’autre part l’interlocuteur a ajouté, d’emblée « qu’un groupe d’artistes est difficile à gérer, notamment lors des déplacements pour des spectacles », « Lorsque un père de famille à des difficultés à joindre les deux bouts, il ne va pas s’acheter un billet pour voir un spectacle », a-t-il estimé. Réagissant aux propos tenus par son ancien camarade du groupe, en l’occurrence Shamy Lvaz, le conférencier n’a pas mâché ses mots en le qualifiant de « farceur non assagi avec l’âge » et son geste « d’intox ». Rappelons que l’ancien animateur du groupe, Shamy, reconverti à la littérature depuis quelques temps, a sévèrement critiqué la venue de Karim à Alger.  » C’est depuis 1992, au moment où il s’est complètement écarté de la musique que l’on n’a pas travaillé ensemble « , a déclaré l’orateur et d’ajouter que « ces textes qu’il envoie à la presse sont des esbroufes et ne jamais prêter attention à ces allégations qui sèment le trouble », a-t-il lâché.

Le conférencier s’est longuement étalé sur leurs projets dans le futur, à cet effet, il déclare « que nous préparons un nouvel album d’une dizaine de titres inédits pour la fin de l’année », à propos de la tournée nationale du groupe cette année en Algérie, Karim Abranis a tenu à préciser que des contacts sont d’ores et déjà entamés avec les chargés de cette mission.

Pour le célèbre rocker du groupe Abranis la chanson kabyle est en nette amélioration, « ça commence à venir lentement », par ailleurs, il considère que la quantité existe mais sans trop de qualité, a t-il estimé.

Enfin, l’orateur a tenu à signaler que leur passage sur les ondes de la Chaîne II, ne rentre pas dans le cadre des festivités de la manifestation “Alger capitale de la culture arabe”.

Mohamed Mouloudj

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