Ag’ellid ‘ amesvat’li Le roi inique

Partager

1er partie

Le lendemain matin, des esclaves ramènent sept robes à la future mariée, en chemin, trois sont dérobées. En ouvrant «assendouq» (sorte de grande caisse servant autrefois d’armoire aux nouvelles mariées), la jeune fille constate qu’il y a trois fils qui ne correspondent pas aux robes qu’elle tient dans ses mains.Elle déduit aussitôt, qu’il manque trois robes. Elle prend les bouts de fil, les entrelace et les remet au chef des esclaves en lui disant :- Moudtha-s lekhioudh agiIou g’ellid’ ennou enInta-s d’eg g’enniK’ra g-ithran khouçen(Donnez ces fils-ciA votre roiDites-lui que dans le cielIl manque quelques étoiles !)Dès son retour au palais, le chef des esclaves remet les fils à l’ag’eellid’ et lui répète ce que lui a dit la jeune fille.Le message codé est aussitôt décodé. Le monarque fait fouiller le dortoir des esclaves où sont retrouées soigneusement cachées trois magnifiques robes de soie. Ayant failli à leur mission, les fauteurs sont décapités.Quelques jours plus tard, l’ag’ellid’ épouse la fille du vieillard lors d’une cérémonie qui dura sept jours et sept nuits.Moins d’un mois après son mariage, l’ag’ellid’ dit à sa nouvelle favorite :- Je sais que tu es subtile. C’est pour cela d’ailleurs que je t’ai épousée. Je vais te demander de ne pas interférer dans mes jugements, qu’ils soient bons ou mauvais.Si tu le fais sans que je demande ton avis, tu seras répudiée !Les mois passent sans incident lorsqu’un jour, un paysan vient voir l’ag’ellid’ à propos d’un litige qu’il a, avec un autre paysan à propos d’un ânon.Le plaignant possède une ânesse qui a mis bas un ânon, un jour ne trouvant pas sa mère dans les environs, l’ânon suit la mule d’un autre paysan. Il s’habitue à elle et ne veut plus la quitter. Le propriétaire de l’ânon le réclame au propriétaire de la mule qui ne veut pas le lui rendre. Il lui dit même pour l’éloigner, que l’ânon a été engendré par sa mule.Ne voulant pas rentrer en conflit ouvert avec lui, le propriétaire de l’ânon rapporte les faits au roi et lui demande de trancher.Il convoque les deux hommes et leurs bêtes. L’ânon est placé à équidistance de la mule et de l’ânesse.Le roi prend la parole et dit :- De la direction que pendra l’ânon dépendra ma décision. Contre toute attente, au lieu de courir vers sa vraie mère, l’ânesse, l’ânon courut vers la mule sa mère d’adoption.Le propriétaire de l’ânesse et de l’ânon fut débouté légalement au profit de son antagoniste. Le roi ayant tranché en faveur du propriétaire de la mule, le pauvre paysan se met à pleurer à chaudes larmes. Il avait bâti des projets sur cet ânon qui promettait mais le voilà dépossédé de son bien arbitrairement à jamais. Aucun recours ne lui est permis. S’il persiste, il risque même d’avoir la tête coupée.La nouvelle épouse du roi qui avait assisté cachée derrière les rideaux au verdict qui vient d’être rendu, est offusquée.Prenant en pitié le malheureux paysan, elle l’appelle discrètement près d’une porte dérobée et lui dit :-Inas ioug’ellid’ ayagi (Dis au monarque ceci).Il y avait autrefois un paysan qui avait un champ de blé. En une nuit il fut dévasté par les poissons de la rivière qui ont tout dévoré ! S’il te dit que cela est impossible, dis-lui que c’est impossible aussi qu’une mule mette bas un ânon. Les mules sont des bêtes stériles et ne peuvent pas, par conséquent, avoir des petits.

(A suivre) Benrejdal Lounès

Partager