La légende de la mort

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D’après une légende kabyle, quand Dieu créa le premier être humain sur la terre et qu’il le dote de parole, des mains de pieds et de position debout, il était heureux de son œuvre. A cette époque immémoriale, l’homme était choyé par Dieu, il était tellement aimé de LUi qu’il lui accorde la plus grande des faveurs qui soit : l’immortalité.Au début de la création, pour que la Terre se remplisse d’êtres humains, créés à son image et qu’ils essaiment à travers les continents, les hommes et les femmes ne mouraient pas. Quand quelqu’un se sent fatigué à force de travailler ou de voyager, pour régénérer son corps, il lui suffisait de s’allonger chez lui et de demander à Dieu de lui retirer son âme, pour une période déterminée.A l’issue de cette période, l’âme revenait, le corps reprenait aussitôt ses activités. La vie était belle en ce temps-là, mais comme toutes les belles choses ont une fin, cette formidable faveur prend fin à cause d’une femme. Cette femme s’était mariée avec un homme, de leur union naquit un petit garçon d’une inégalable beauté. Elle était heureuse d’avoir enfanté un si bel enfant, qu’elle ne le quitte pas des yeux un seul instant. C’est pendant qu’elle dorlotait son enfant que subrepticement Dieu entra chez elle et lui dit :- Athamet’t’outh its rebbine Am inigh yiouth elh’adja Ma thevghidh ad’ imeth emmi-mNegh ad’iddar i levd’a(Femme qui élève un enfant, fais ton choix, désires-tu que ton fils meure où vive pour toujours ?). La femme interloquée, ne sachant quoi répondre, lui demande un délai de réflexion.- Accordé pour quelques instants. A mon retour, je dois trouver la réponse, une seule réponse, pas deux ! Fais attention à ce que tu vas dire, car de ta réponse dépendra l’avenir de ton fils ! La femme n’a pas le temps d’avertir son mari parti à la chasse.Ayant besoin de conseils sur le champ, elle se rend chez «Settoute» (la sorcière) et lui dit :- Rebbi youssad ar ghoriIsekhthar af memmiAd’ imeth ad yah’you azekkaNegh ad’ iddar i levd’a(Dieu s’est présenté à moi et m’a dit de faire mon choix, mon fils doit mourir et ressusciter ou mourir à jamais)Settoute qui ne portait pas en son cœur la femme lui dit pour la tromper : – Si tu lui dis que ton fils doit mourir et ressusciter cela prendra des années, alors que tu as besoin de lui, mais si tu lui dis je voudrais qu’il meure pour toujours, tu le reverras aussitôt après sa mort ! La réponse Settoute ne satisfait pas la femme. Elle retourne chez elle et contemple son enfant. Elle réfléchit à la réponse qu’elle devra bientôt donner à Dieu. Elle ne trouve pas. Quand il se présente à elle, elle lui dit machinalement :- Edj ad’ emthen medden Our then tsadja ad oughalen !(Laisse mourir les gens, ne les ressuscitent pas !) En disant cela, elle a oublié quelle et son fils sont inclus dedans. Se rendant compte de sa bévue, elle dit à Dieu :- Je me suis trompée dans la formulation, je voulais dire :- Adj ad’ dren meddenKhas mouthen ad oughalen !( Laisse vivre les gens et ressuscite les morts !)Dieu lui dit alors :- Si ta langue a fourché, je n’en suis pas la cause. Une seule réponse t’a été accordée, je te l’ai dit. Tu t’est trompée, tu vas payer et, dans ton sillage toute l’humanité.Et, c’est depuis ce jour que quand un être meurt, il meurt pour toujours…Our kefount eth h’oudjay inou our kefoun ir den ts emz’ine as n-elaid an en etch ak’ soum ts h’emz’ ine ama n g’a thiouenz’ iz’ ine.(Mes contes ne se terminent comme ne se terminent l’orge et le blé. Le jour de l’Aïd, nous mangerons de la viande et des pâtes, jusqu’à avoir des pommettes rouges et saillantes).

Benrejdal Lounes

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