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Le bébé sauvé des eaux

1962
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(1ère partie)

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’’Amachahou rebbi ats iselhou ats ighzif anechth ousarou. (Que je vous conte une histoire. Dieu fasse qu’elle soit belle, longue et se déroule comme un long fil).Etre jalouse pour une femme, c’est craindre que l’être aimé ne s’attache à une autre.C’est l’histoire d’une jalousie aux conséquences dramatiques que nous allons vous raconter à travers ce conte du terroir.On dit que les voies du Seigneur sont impénétrables, elles le sont effectivement, si on prend comme exemple l’histoire de ce monarque des siècles passés. Malgré qu’il était ag’ellid’ (roi) il n’était pas très heureux et pour cause marié à une femme d’une très grande beauté, qu’il chérissait par-dessus tout, il dut déchanter quelques années plus tard. Le ventre de la reine ne voulait pas s’arrondir. Aucune vie ne veut l’habiter. La reine est effondrée et le roi désespéré.Le souverain qui aimait sa femme, car choisie par lui-même était dans tous ses états. Il voulait que l’amour qu’il vouait à sa femme soit couronné de succès par la naissance de beaucoup de petits, mais hélas, aucun bébé n’est venu égayer son auguste foyer. Le couple espère donner vie à des princes et des princesses, mais après cinq ans d’espérance, le doute commence à s’installer.Au roi, il faut des héritiers pour que se perpétue la lignée, mais la Providence semble s’acharner contre le couple, qui ne peut pas enfanter. L’ag’ellid’ est contrit, il est le roi du pays et il n’a pas d’enfants, alors que son royaume pullule de filles et de garçons, appartenant à des parents qui ne peuvent pas les faire manger et habiller convenablement. Il réfléchit, il possède la solution : répudier son épouse et ramener une autre, qui peut-être avec un peu de chance lui donnera un ou plusieurs héritiers. Cette idée lui traverse souvent l’esprit, mais il la chasse en voyant la reine qui le regarde avec des yeux attristés en embués de larmes. Son chagrin est immense, ce n’est pas ce qu’il voulait, mais que peut-il faire ? Il a le droit de vie et de morts sur ses sujets, mais n’a aucun pouvoir d’enfanter. Mais tout roi qu’il était il avait des obligations. Il ne doit plus s’il veut avoir des héritiers faire cas de ses sentiments. Il doit prendre des décisions. Il doit trancher dans le vif, mais il n’ose pas. Comment dire à sa bien-aimée, qu’il doit la remplacer pour avoir des héritiers ? Avoir de héritiers pour l’ag’ellid’ est une nécessité vitale, et pour les avoir, il n’y a qu’une chose à faire, déclasser son épouse. Il ne la répudiera pas mais restera au second plan. Mais il n’a pas le courage de le lui dire. C’est à ce moment que rentrent en scène ses plus fidèles conseillers. Ils l’encouragèrent à se remarier. Il donne son consentement après des mois de réflexion. La nouvelle se propagea aussitôt dans tout le palais. La servante de la reine, toujours aux aguets informe sa maîtresse de la décision du roi. Elle tombe en pâmoison. Le roi vient à son chevet et lui explique les raisons. C’est la mort dans l’âme qu’elle feint d’accepter le fait accompli, mais au fond d’elle-même, elle voudrait se venger de ce roi, qui prétendait l’aimer et le voilà sur le point de ramener une jeune vierge qui va la supplanter dans son cœur, et dans son esprit si jamais elle lui donne des héritiers. Elle jure de se venger avec la complicité de sa servante, son âme damnée. Le mariage du roi est annoncé à travers tout le royaume. Sa nouvelle fiancée est la fille du roi du pays limitrophe du sien. Les noces durèrent sept jours et sept nuits. La reine déchue ne sort pas de ses quartiers. Le roi l’aime encore mais c’est pour sauver sa lignée qu’il agit ainsi. L’ancienne reine ne l’entend pas de cette oreille et elle va lui faire regretter de s’être remarié.Après la lune de miel passée en compagnie de la nouvelle reine, le roi va voir son ancienne épouse. Elle le boude. Mais perfidement conseillée par sa servante attitrée, elle revient à de meilleurs sentiments étrangement, quand elle entend que la nouvelle épouse commence à avoir des envies. Ce signe avant-coureur de sa fertilité, ne trompe pas. Il lui faut agir vite si elle veut se venger. Elle se rapproche de la nouvelle reine avec la permission de l’ag’ellid’ qui ne demandait pas tant que ça. Les deux femmes deviennent ’’amies’’. Elles sont assistées de beaucoup de servantes et à leur tête la servante de la reine déchue de son titre de première épouse.Le jour de la naissance du bébé, la reine déchue feint une forte migraine et le fait savoir au roi, ceci afin qu’il ne la soupçonne en rien de ce qui va arriver. Elle veut s’en laver les mains. La jeune reine est assistée par la servante de la reine déchue, qui a ourdi un savant complot. Elle s’arrange pour être seule au moment de la naissance, et dans les secondes qui suivent, elle subtilise le nouveau-né qu’elle remplace par un petit chiot de couleur noire avant que sa mère ne l’ait vu. Elle ramène par une porte dérobée le bébé à la reine, et retourne auprès des autres servantes qu’elles invitent à voir le bébé phénoménal, tandis que la jeune reine dormait.A la vue du chiot noir dans le berceau, toutes les servantes sont pétrifiées. Elles n’ont jamais vu une chose pareille. C’est un sortilège se disent-elles. Appelé au chevet de son épouse, l’ag’ellid’ est fort déçu d’avoir pour héritier un chiot. Il est en fureur contre celle qui a enfanté un chiot, alors qu’il attendait un enfant. Sur le champ, il ordonne qu’on l’enferme dans un cachot et menace de mort toutes celles qui sont au courant du phénomène si jamais elles dévoilent le secret. Mais le secret est éventé.Le bébé qui était né avec une envie (tache noire à la base du cou) était adorable, mais il fallait s’en débarrasser au plus vite, sinon il risque de porter préjudice à celles qui ont comploté pour l’enlever et le tuer pour priver le monarque d’héritier. La servante le met dans un panier en osier, sort par un passage secret et le jette dans la rivière qui coule à proximité.Par ce geste, elle voulait que le bébé soit emporté par les eaux jusqu’à la mer pour finir dans le ventre des poissons. Si elle l’avait tué au palais, elles aurait eu des difficultés pour s’en débarrasser. C’est le meilleure solution qu’elle a trouvée. Avant que le bébé n’atteigne la haute mer, la course du panier est freiné par le filet d’un pêcheur. En guise de poisson, il eut droit à la plus grande surprise de sa vie, un bébé qui vagit dès qu’il le réveille, et s’il le retire des eaux qui le dorloterait ? Il était étonné et se pose beaucoup de questions à propos du garçon repêché des eaux. Qui l’a jeté ? Il est le fils de qui ? Pourquoi est-il dans les flots ? Le vieux pêcheur rentre aussitôt chez lui avec son précieux panier contenant le bébé. Sa femme, qui n’avait jamais enfanté, se dit que c’est la providence qui le lui a envoyé. Elle allait le garder et l’élever. Les années passent, sans que le pêcheur et sa femme ne sachent la vérité à propos du bébé qu’ils ont recueilli.

Benrejdal Lounes (A suivre)

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