Mohamed Zemirli : le pinceau éternel

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Des hommes et des femmes qui ont marqué leurs époques, restent dans la mémoire collective. Le peintre Mohamed Zemirli est, à l’instar de Racim, Khedda et Issiakhem, un nom à retenir dans la peinture algérienne. Ses peintures restent des témoins d’une culture ancestrale, et des sites magnifique de l’Algérie profonde, à travers les quatre coins du globe. De Helsinki à Beyrouth, de New York à Madrid et de Tunis à Varsovie, en passant par Prague, elles renseignent sur le combat et les révolutions infinies des Algériens. Mais surtout des images mortelles de l’Algérie en mutation. Une de ses œuvres fut même offerte par le ministère des Affaires étrangères en 1980 au Shah, d’Iran, lors d’une conférence de l’OPEP à l’hôtel El Aurassi. L’ex-monarque iranien avait apprécié l’œuvre, et a tenu à visiter l’exposition de l’artiste.Mohamed Zemirli est né à Tizi Ouzou en 1909, il arrête sa scolarité très jeune pour gagner son pain en peignant des coqs et des paons sur les coffres des mariées.C’est à l’âge de quinze ans qu’il tenta sa chance à Alger, où il affirme ses goûts pour les arts plastiques. Son premier tableau, une nature morte, a été peint en 1930. Il s’introduisit alors dans le monde des peintres et des exposants par Gornès et Pierre Second-Weber. D’une organisation à une autre et d’une exposition à une autre, “L’union de l’Afrique du Nord”, “La société des arts et lettres d’Algérie” et “Les artistes libres”.La volonté et la passion pour l’instruction et le savoir furent grandissantes. Autodidacte, il réussira à apprendre quatre langues : l’arabe, le français, l’espagnol et l’allemand. C’est de là que l’artiste manifeste ses défis. Et il n’est pas aisé à quiconque de relever des défis. Après des contacts avec Mohamed Racim dont il était admirateur, Mohamed Zemirli fut chargé de l’organisation d’une exposition de l’ensemble des peintres et miniaturistes algériens. Une première dans l’histoire de l’Algérie coloniale. Celle-ci regroupa treize artistes et fut un succès total. Ce groupe sera de plein pied-pour la création du Comité pour l’Algérie nouvelle.Par la suite, Zemirli sera partie prenante dans toutes les organisations et manifestations artistiques.Organisateur de l’Exposition des peintres musulmans d’Algérie à Alger en 1946, l’Exposition des peintres algériens, à Paris en1957, organisateur du Salon du livre combattant à Alger, du 3 au 18 novembre 1962 et Tizi Ouzou en décembre de la même année, entre autres.Notre artiste a également dirigé des organisations telles que la Société nord-africaine des artistes libres comme vice-président et a été membre de la fédération des travailleurs intellectuels (FATI), membre fondateur et trésorier de l’UNAP (Union algérienne des artistes peintres), la commission du choix des médailles du Mérite national et autres organisations nationales. Il est cependant utile de rappeler la participation de Zemirli à des manifestations artistiques à travers le monde entier, comme l’Exposition des jeunes peintres algériens à Helsenki en 1962, puis de 1963 à 1980 à Beyrout, Tunis, New York, Prague, Varsovie, Madrid etc…Les œuvres de Mohamed Zemirli sont un peu partout en Algérie et à l’étranger. Par exemple, à Alger on peut voir “Moulin à huile”, “Rue du village kabyle”, “Une rue à Fontaine-Fraîche”, comme on trouve d’autres dans les sièges de certaines ambassades étrangères, au Cercle franco-musulman et à l’APN.Zemirli a contribué également à beaucoup de titres de presse depuis 1937 à sa mort. Il a été récompensé à maintes reprises pour son parcours artistique riche et dense. Mention honorable en 1937, médaille de bronze, en 1945, d’argent en 1946, plaquette d’argent de la ville d’Alger, diplôme du 60e Salon des artistes arabes en1982, entre autres distinctions.Zemirli qui est de la trempe d’Issiakhem, Racim de Baya Mahieddine et a consacré sa vie à défendre et à faire connaître et encourager l’art et les artistes algériens. Il a tiré sa révérence le 9 décembre 1984 à Alger, à l’âge de 76 ans, et fut enterré dans sa ville natale. Il a été décoré à titre posthume le 1er novembre 1987 par le président de la République de l’époque. Et lors de la Journée nationale de l’artiste en 2000, une plaquette d’argent a été remise à ses héritiers à la maison de la culture de Tizi Ouzou, par le ministre de la Culture, le wali et le président d’APC de Tizi Ouzou.Désormais, une galerie d’exposition portera son nom à la maison de la culture Mouloud-Mammeri. Et les artistes tels Mohamed Zemirli ne meurent jamais, et resteront toujours la fierté de l’Algérie.

Salem Amrane

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