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Le film le plus décevant de l’œuvre la plus magique

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l Gabriel Garcia Marquèz ne serait pas content, pas le moins du monde, en regardant l’adaptation cinématographique de son roman le plus célèbre : L’amour aux temps du choléra.

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Ce film réalisé par Mike Newell se contente de retranscrire l’histoire avec un minimum d’efforts créatifs nécessaire dans toute adaptation d’une œuvre aussi majestueuse. Le scénario, trop puéril et quasiment à l’eau de rose, ne rend guère la majesté du style markézien et, pis encore, il donne une image des plus défavorables de l’œuvre originale. A cela s’ajoute une prestation lassante et presque comique des acteurs, tout à fait incongrue par rapport à l’aspect dramatique de l’œuvre. La qualité relativement bonne de l’image, de la musique et des paysages n’est pas près de voiler la mièvrerie générale qui recouvre ce film. On a en effet une constante impression de fausseté, de comédie burlesque qui s’efforce de ressembler à une œuvre dramatique sans y parvenir. L’essentiel manque à ce film, à savoir un bon scénario fidèle à la forme romanesque dans sa subtilité, sa beauté et ses images, une prestation plus convaincante des acteurs qui, faut-il le dire, ont simplement mimé les personnages du livre et ont misérablement échoué à s’imprégner de l’ambiance et de l’âme du roman. Tout cela a abouti à un film décevant à plus d’un égard, balançant entre du romanesque à l’ancienne dénué de la moindre sincérité et du simplisme le plus effarant. Quelques scènes accompagnées d’une musique miraculeusement appropriée pourraient nous convaincre qu’il y a toutefois du bon à prendre mais peut-on juger un film sur les quelques lueurs de beauté ou de savoir-faire qu’on y attrape furtivement? Doit-on avouer enfin qu’une adaptation cinématographique de l’œuvre de Gabriel Garcia Marquez est tout simplement un suicide? – Non, mis entre les mains d’un autre réalisateur (Edward Zwick par des exemple) et confié au génie d’autres acteurs, ce film ne serait certes pas parfait, vu l’aspect surhumain de la tâche, mais du moins satisfaisant.

L’amour aux temps du choléra est l’une des plus belles œuvres de la littérature contemporaine, elle valait mieux qu’une simple adaptation simpliste et à la limite du navet. Le plus désolant dans ce film, c’est que chaque spectateur imaginera la déception de l’auteur dont le parcours et l’œuvre sont à eux seuls suffisants pour empêcher l’accomplissement d’une telle entreprise.

Sarah Haidar

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