“Ulac snat”, un nouvel album d’Azerzour

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Aujourd’hui âgé de 64 ans, natif de Seddouk Oufella, le village natal de Cheikh Aheddad, Azerzour de son vrai nom Mohand Bouzerzour, retraité de l’éducation après 40 ans de carrière comme enseignant, vient de mettre sur le marché son quatrième album intitulé Ulac snat (Il n’y en pas deux).

Identité

En effet, son premier album Tamaâyt (le conte) date de 1989, dans le style musical qui se rapproche du chaâbi kabyle tout en ayant une intonation gnawie. La thématique traite, parfois en détail de la cause identitaire, l’amour, la femme et les invasions qu’a connus Tamazgha. Ce dernier thème a été traité dans la chanson Tamaâyt (le conte) avec une multitude de métaphores propres au chanteur. Il a fallu attendre 1995 pour qu’Azerzour mette sur le marché un deuxième album, Ddu ddu. Mais, avec Bazou comme arrangeur, le travail est plus modernisé avec l’introduction de la basse, des claviers et de la batterie. Quatre ans plus tard, en 1999, avec la contribution de Smaïl Aheddad, musicien qui s’est occupé des arrangements, Azerzour revient avec un double album intitulé Ziruru sous forme de chorale dont fait partie sa fille, Louiza qui est la chanteuse principale. A titre d’information, Ziruru est un insecte qui annonce le printemps.

Quant à la thématique de la chorale d’Azerzour, c’est ce qu’on aimerait entendre de la bouche d’un enfant sans pour autant que cela ne concerne que les enfants uniquement. On y retrouve l’amour, la fraternité et l’humanisme dans le sens large des termes.

Quête de vérité

Quant au quatrième album Ulac snat (il n’y en a pas deux), qui est disponible sur le marché depuis mai 2008, c’est incontestablement le meilleur travail d’Azerzour avec, un très beau style chaâbi moderne kabyle, très rapproché, comme à son accoutumée, des styles gnawi et flamenco. Cet album contient huit chansons dont les thèmes sont variés. Voici des extraits des poèmes que contient ce très beau travail de recherche musicale ; Ulac snat : tidett deg zik i tella, D lekdeb kan i-d-yettoulfen (“il n’y en a pas deux” : Nous n’avons pas de pays de rechange, la vérité a toujours existé, il n’y a que le mensonge qui s’invente) ; Nekk ttugh ul yegguma (moi j’ai oublié mais mon cœur s’y refuse) est un hommage à tous les martyrs de la démocratie et de la dignité. Yerha wul : A kehbab tedra yid am ttaleb, Yettraju lmeghreb, Zighem lâica tâedda (“Cœur meurtri” : ô mes amis, je suis pareil à ce taleb, attendant la prière du crépuscule, alors que celle du soir est passée) ; Ur hsigh : Mazal-agh, Deg wid yettghidem, ttrajun, Deg widak yegnen, ttargun, Azekka ajdid (“je suis sceptique” : Nous sommes encore, de ceux qui font pitié, attendant, de ceux qui dorment, rêvant, d’un jour nouveau) ; “Ayen ay ul ?” : A yul-iw ur y-tthezzib, Anef ad ssirmegh, Ghas ddunit d akeddib, Bghigh ad amnegh (“Quoi ô mon cœur” : ô mon cœur, toi qui me ronge, libère l’espoir, même si la vie est mensonge, je veux y croire ) ; “Awerdjedjin” : Tedra y id am uwerdjedjin, Deg unebdu kan id-ttbinegh, Lxwedman-w aniw u-tt-nessin, Am id am ass ttmeddihegh, ttewed-d ccetwa t-tughalin, Kulwa dacu d-yewwi d aâwin, Nek d agambar i-d-bubbegh (“La cigale” : Je suis pareil à la cigale, seulement visible en été, oui ne connaît mon métier ? Nuit et jour je m’égosille, arrive l’hiver c’est le retour, chacun chargé de sa récolte, et moi de ma guitare sur le dos) ; “Tayri” : Azighen tteryel tecbid, tayawant ur tt-sâid, Lmakla inem d ulawn (“l’amour” : Tu es semblable à l’ogresse, toujours insatiable, ô dévoreuse de cœurs) : “A-k-tent-sserwu” : Rwel balak a-k-tegges, Rwel a-k-terr d meskin, Rwel tayri d weswas, Ddwas ttaleb ur-tt-issin (“Il (l’amour) t’en fera voir” : Fuis, fuis son venin, atteint, tu feras pitié, fuis, l’amour n’est que tourments, son remède, nul ne le connaît). Edité par une nouvelle maison, Mélovision, Ulac snat (il n’y en a pas deux) a été réalisé au studio d’enregistrement Juva Son d’Akbou et arrangé par Samir.

Les paroles et les musiques sont l’œuvre d’Azerzour lui-même qui a joué au mandole avec Naït Ali. Ce dernier a également joué au banjo avec Khodir Azerzour.

Pour les autres instruments, il y a Boudjlida au violon, Hamza à la flûte et Aziz aux percussions. Sans oublier les chœurs avec Smaïl, Zahir et Merouane.

Quant à la jaquette de l’album, conçue par l’infographe Salim Bourihane, on ne peut mieux imager, les thèmes traités. Avec tous les “charlatans” qui ne cessent de polluer le marché de l’art, Ulac snat (il n’y en a pas deux) d’Azerzour, ce merveilleux travail de recherche musical, vient enrichir la musique et chanson kabyles et est absolument à écouter.

Tarik Amirouchens

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