“Bouclage à l’aube” de Bahloul Slimane

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Diplômé en bâtiment, cadre dans l’administration pendant plusieurs années. Après quoi, il a opté pour la fonction libérale où il a notamment travaillé dans l’import-export puis dans le domaine de la formation en ouvrant notamment une école privée à Tazmalt, une polyvalence qui lui a donné une vaste culture dans tous les domaines et qui a fait de cet homme un romancier et un écrivain mais aussi un conférencier exemplaire. Lui, c’est monsieur Bahloul Slimane, 66 ans, natif de Tazmalt. Il compte deux (02) publications à son actif : son premier ouvrage, «Un été 62», dédié au 10e anniversaire de l’Indépendance de l’Algérie, après quoi, il vient de mettre sur le marché un seconde roman, «Bouclage à l’aube». Un troisième est au stade de chantier et portera le titre «De Cirta à Alger». Edité et distribué par une Maison d’édition basée à Alger, le roman en question «Bouclage à l’aube», est une brève histoire de l’Algérie depuis la guerre de Libération nationale à ce jour. L’auteur écrit dans sa préface : «Si les présentes pages éveillent en nous de si profondes résonances c’est qu’au delà des méandres d’hier ou de demain, je fais confiance aux hommes qui ont crevé le mur de l’absurde dans leurs actes en misant sur l’Algérie de toujours, qui passe par un sacrifice populaire, le manque d’aide et d’orientation aux rescapés de la guerre avec l’attirance de l’occident qui ramène des idées néfastes pour la jeunesse algérienne et l’introduction d’un fanatisme religieux intégriste qui a entrainé la fuite des intellectuels nationaux, la liquidation de milliers de vies humaines innocentes et la destruction économique du patrimoine national, lequel ne s’est relevé que ces dernières années grâce au boom pétrolier et une relative stabilité politique du pays». Diviser en cinq chapitres relatifs aux différentes périodes qu’a vécues l’Algérie, voici un petit résumé.

Bouclage à l’aube

Ce chapitre, qui a donné son nom à cet ouvrage, relate l’histoire de quelques hommes et femmes de l’Algérie profonde des années 50. Croulant sous le poids du colonialisme et malgré la terreur et les méthodes barbares de l’armée coloniale, des hommes et des femmes ont osé braver leurs peurs le jour où il ont juré fidélité à l’ALN et à Dieu jusqu’à ce que l’Algérie retrouve et recouvre son entière indépendance. «Si Taïeb a un pressentiment du danger ; il court se mettre immédiatement sous un arbre ; une attente angoissante de sept à dix minutes et il se décide à reprendre son chemin. En se découvrant de l’ombre de l’olivier, il entend des mots : «Halte ! halte !…» En une fraction de seconde, il comprend le danger, court vers les oliviers d’en face… mais c’était trop tard : des coups de feu claquent sauvagement dans le silence de la nuit en traçant des jets de feu vers Si Taïeb qui sent des boules de feux lui traverser tout le corps. Touché au côté droit du thorax et de la hanche, il rassemble toutes ses forces en se lançant dans une fuite éperdue, mais à cinquante mètres plus loin il sent ses pieds se dérober sous son corps : les forces lui manquent. Il continue à se traîner vers deux oliviers tout proches qui lui semblent loin, loin… et même très loin ! Tel est l’exemple de bravoure et sacrifice suprême d’un civile qui a accueilli des maquisards chez lui, dans sa ferme ; cela bien sûr pour dire combien la complicité, l’entraide et la bonne entente étaient de mise entre l’ALN et les autres enfants du peuple. S’ensuit alors la riposte des Moudjahidines. Après quoi, l’inévitable déclenchement d’un bouclage et d’un ratissage à l’aube et dont les ordres étaient : «Ratissez le secteur, nettoyez-le et ramenez-moi des suspects».

Le chemin de la colline et rencontre sans rendez-vous :

L’auteur continue sur sa lancée et raconte avec une précision inouïe à donner froid dans le dos aux plus téméraires : la torture pratiquée à grande échelle par les hordes coloniales sur le peuple algérien mais aussi le courage de ces hommes et femmes qui ont bravé le danger insoupçonnable des ennemis intimes que représentent les traîtres, mais encore les sombres et humides salles de torture, la gégène, les bassins d’eau…etc.

L’auteur a matérialisé cela par l’exemple d’Abdelkader qui a vendu son âme au diable en balançant ses propres frères à la vindicte coloniale, mais face à cette trahison si-Ahmed ressort grand en forçant le respect même de ces geôliers et tortionnaires après avoir survécu au bassin d’eau, à la gégène et au coups de ces bourreaux.

Les forces de la destinée et l’égaré :

Les deux derniers chapitres sont consacrés à l’Algérie poste-indépendance à nos jours où les jeunes algériens sur qui l’Occident a exercé une fascination et une attirance impitoyable a fini par les pousser à rejoindre les contrées et sociétés de l’autre rive de la Méditerranée, mais en fin de compte ces eldorados ont déçu plus d’un, les poussant à reprendre le chemin du retour. Une fois au bled des ancêtres, d’autres surprises et déceptions étaient au rendez-vous.

Ils découvrent un autre pays, un autre mode de vie, des contraintes qui se multiplient à perte de vue, un cocktail explosif qui a enfanté une décennie de braise, laquelle a failli mettre le pays à genou. Cette situation était aussi le fruit d’un égarement de ces cavaliers de l’apocalypse venus d’une autre ère, d’une autre dimension peut-être, pour atterrir dans l’Algérie des années 90 en vraie malédiction. Comme si la sale besogne des hordes sauvages coloniales ayant brûlé villages et mechtas au napalm ne suffisait pas, voilà les sanguinaires intégristes qui passent l’éponge sur l’histoire d’un million et demi de valeureux martyrs et dignes enfants de l’Algérie en faisant allégeance avec le diable et en jurant que l’Algérie de Krim, Si L’houas, Amirouche et Abane sera mise à feu et à sang jusqu’à ce que mort s’en suive. Or, dans leurs folie ces sanguinaires ont oublié un petit détail d’une capitale importance : c’est que les dignes héritiers et vrais fils de l’Algérie étaient toujours là. Grâce à eux et à eux seuls l’Algérie est sortie vainqueur et demeurera grande tant que le sang de Novembre coulera dans les veines des millions de ces enfants et tant que les échos des cris des suppliciés hantera encore chaque arbre, chaque rocher et chaumière sur toute l’étendue de cette terre bénite par les dieux.

Arezki Toufouti

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