1-Son âme agonise
Tel un grain dans une meule.
Il attend son tour et pleure
Mon bagnard !
2-Il craint que vous voyiez en lui un téméraire,
à la fin, vous risquez de l’oublier.
Vers lui, qui ouvrira la voie ?
Mon bagnard !
3-L’arbitraire montre ses repousses.
Vers l’avant se dresse un précipice,
La mort approche par derrière.
Mon bagnard !
4-Appelle-le donc, ô mon cœur, appelle-le !
Dis-lui, s’il écoute,
De se garder de dénoncer qui que ce soit.
Mon bagnard !
5- ô vent qui berce les oliviers
Apprends-moi, je t’implore, les nouvelles.
Je ressemble à du bois vermoulu
Que les gens refusent même à brûler dans les foyers.
Quelle raison l’a exilé
Et l’a ravi brutalement aux siens ?
ô vent qui me rend visite,
T’a-t-il chargé d’un message, mon bagnard ?
6-A trop écouter les gens,
Mes mains se refusent à l’ouvrage.
Le chagrin attise mes malheurs
Et remplit mes jours de noirceur.
J’ai surpris des gens converser,
A ma vue ils ont baissé les yeux.
Vent, c’est à toi de m’apprendre
S’il est encore en vie mon bagnard.
7-Le cœur halète à l’arrivée du vent de mars.
Dès que je porte la coupe aux lèvres,
On vient me l’en saisir.
Aujourd’hui, je sais, je l’ai perdu ;
Mes yeux ne le reverront plus.
Vent, viens me dire
Où la vague a largué mon bagnard.
8-La paix que j’attendais a failli
Au rendez-vous pourtant accordé.
La belle tragédie s’est fardée
Et vient m’offrir des cadeaux chez moi.
Maintenant je comprends la raison de son retard,
Et pourquoi son retour est une chimère :
Il refuse de fléchir devant l’humiliation
Dans le pénitencier de Berrouaghia,
Mon bagnard !
Traduction : Amar Naït Messaoud