Un symbole du dynamisme kabyle…

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Toutefois, le groupe fondateur activait dans la clandestinité durant la période du parti unique. C’est ainsi qu’en décembre 1979 les militants de la cause identitaire berbère créèrent une équipe de football (Les Cavaliers de la Numidie) qui servait de couverture aux militants amazighs.

Genèse

C’est grâce aux “Cavaliers de la Numidie” que les Berbères d’Oran furent réunis. Cette équipe de football en a profité pour organiser diverses activités telles que des galas artistiques, la sensibilisation des jeunes autour de la revendication identitaire (surtout les familles auxquelles il a été demandé d’apprendre à leurs enfants leur langue maternelle) et la solidarité entre Amazighs à travers la convivialité durant les évènements heureux et malheureux (mariages, circoncisions, décès…etc).

En 1984, à l’occasion du match de footbal entre l’USMBA et la JSK (à l’époque ESMBA – JET) à Bel Abbès, “Les cavaliers de la Numidie” rencontrèrent le regretté Matoub Lounès qui leur signa un autographe qui sera publié en 1995 dans un numéro d’Azul, la revue de l’Association culturelle Numidya d’Oran.

En 1986, durant les débats sur la charte nationale, “Les cavaliers de la Numidie” investissent le local de la Kasma du parti unique en scandant “Assa Azekka, Tamazight di Lakul”. Par la suite, ils n’ont jamais raté un événement relatif à la revendication identitaire pour se manifester. Ensuite, à la faveur de “l’ouverture démocratique” après les douloureux évènements d’Octobre 1988, “Les Cavaliers de la Numidie”, qui n’étaient “officiellement” qu’une équipe de football, deviennent une association culturelle et sportive et prend l’appellation “Numidya”. En faisant un bilan des “Cavaliers de la numidie” à “Numidya”, les adhérents pensent qu’ils avaient atteint certains objectifs : la population berbère d’Oran a été sensibilisée, et d’ailleurs, beaucoup de familles ont donné des prénoms amazighs à leurs enfants et bien sûr la création d’une association culturelle et sportive.

C’est en 2003 que “Numidya” deviendra une association à caractère exclusif culturel. Dès l’obtention de son agrément, le 1er octobre 1991, “Numidya” a instauré, à Oran, une tradition de séries de conférences autour du domaine des Berbères (histoire, civilisation, culture, littérature, langue, linguistique…etc). Tout cela sans oublier l’organisation de galas artistiques.

C’est ainsi que plusieurs chanteurs, pour la plupart Kabyles, se sont produits à Oran. Citons le groupe Idurar, Si Moh, Zedek Mouloud et Chérif Hamani. “Numidya” a par ailleurs encouragé la création de groupes de musique kabyle à Oran. Cet objectif a été atteint puisque plusieurs troupes musicales ont vu le jour. C’est vrai qu’il y avait un environnement favorable pour cela. En plus de la musique, plusieurs troupes théâtrales ont, également, été créées à Oran.

La première, Tafrara a monté plusieurs spectacles : Lqadi d-Inekhdaven, pièce écrite par Abdellah Hamane et montée par Kamel Ouaï, et, Aniwa y-ekhtaren”de Mohand Aït Ighil. Tafrara a aussi monté une opérette en hommage à Matoub Lounès intitulée Lounès ur-imutara, et cela, quelques jours à peine après son assassinat. Par ailleurs, cette troupe a participé à plusieurs festivals tel que celui du théâtre d’expression amazighe en 1998 et 1999. Après la mise en veille de Tafrara, les activités théâtrales de Numidya ont été reprises par une autre troupe créée par l’écrivain et poète, Djamel Benaouf.

Cette troupe théâtrale, “Tigawt ed-w-awal”, (Action et parole), a monté plusieurs pièces écrites par son fondateur. Citons : Ahmed Aselmad di-tmurt Uâekki et Boutchachit Ulac it”.

Toutefois, l’une des activités les plus importantes de Numidya est l’enseignement de tamazight. D’ailleurs, c’est à cause de cela qu’il a fallu attendre une année et dix jours pour que cette association obtienne son agrément. En effet, l’enseignement de tamazight était mentionné dans les statuts de “Numidya”.

De riches activités

Contre vents et marées, l’agrément a été obtenu et tamazight enseignée. C’est le Pr Kamel Naït Zerrak qui formera les premiers enseignants de la langue amazighe au sein de l’association Numidya, et cela, dès l’obtention de l’agrément en octobre 1991. Côté publications, de 1989 à 1996, Numidya a édité 12 numéros de sa revue Azul mais le 13ème n’a pu être finalisé faute de moyens. C’est ainsi que l’association a opté pour un bulletin War Isem et deux numéros ont vu le jour en 1996.

Le 25 juin 2003, à l’occasion du 5ème anniversaire de l’assassinat de Matoub Lounès, Numidya lance sa nouvelle revue Tafukt. Depuis cette date à aujourd’hui, pas moins de 44 numéros de Tafulat ont vu le jour. Cette revue est une publication de “Numidya” écrite essentiellement en tamagizht.

En plus de cela, Numidya a édité une série de contes : Amar n w-ewriz de Abdellah Hamane ; -Tamachahuts n-Tuâwijt idarren”- de Souad Fedala ; et “-Tamachahuts n-uâudiw n-baba merdjan — d’Akli Ouamara.

De son côté, Nadia Benamar a publié une traduction en tamazight d’une nouvelle d’Ali Mammeri, une bande dessinée, également en tamazight et un petit recueil de poésie en hommage à Si Mohand u M’hand. Comme perspectives de l’association culturelle “Numidya”, la priorité est accordée à l’amélioration de l’enseignement de tamazight, notamment en changeant de méthode et en optant pour des formations bloquées d’un mois. Deux promotions ont déjà été formées. La première porte le nom de Mouloud Mammeri et la seconde, Matoub Lounès.

Quant à la troisième promotion, elle portera le nom d’Abdellah Hamane, un hommage à lui rendre de son vivant pour son militantisme. Comme seconde perspective : le groupe d’auteurs de “Numidya” sur des traductions en tamazight. Par ailleurs, une très grande importance est donnée aux activités initiées pour et par les enfants (théâtre, musique, dessin, etc.), ce qui est la meilleure manière d’assurer la relève. Enfin, l’enrichissement de la bibliothèque de l’association est prévu, avec comme objectif, la création d’un fonds documentaire pour répondre aux différents besoins. De plus, “Numidya” édite chaque année un calendrier culturel ; celui de 2009 sera dédié à un grand militant, en l’occurrence, Amar Aït Abdeslam.

Actuellement, cette association prépare “Yennayer 2959”. En fait, “Numidya” a instauré depuis cinq ans, une tradition typique à Oran en célébrant le Nouvel an berbère avec l’organisation de “la Fête du concours de Yennayer” et tout un programme d’activités culturelles. Pour cette année, à l’occasion de Yennayer 2959, en plus de l’organisation traditionnelle de “la Fête du couscous”, “Numidya” lancera “Taswigt n-Yennayer” (Le marché de Yennayer) avec comme objectif, la réappropriation des traditions nord-africaines. Au programme, l’ouverture se fera par la prestation d’un groupe de “Karkabou” et la clôture par “la Fête du couscous de Yennayer” et “Idebalen”. Sinon, durant cinq jours, il y aura des expositions, des projections de films, des récitals poétiques, des représentations théâtrales, un défilé de robes berbère et une série de conférences. Tout cela, sans oublier l’hommage qui sera rendu au grand militant, Amar Aït Abdeslam, qui a beaucoup donné.

Tarik Amirouchen

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