Recueil de prénoms amazighs de M. A. Haddadou

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Il s’agit de quatre recueils de contes, Tafunast igujilen”, “Lunga”, “Acu igh-d-nnan ger yetran” et enfin “Agerriy n teqbaylit”. Nous pouvons lire aussi une traduction de l’œuvre de Saint Exupéry qui deviendra “Ageldun Amectuh”, d’un lexique (amawal) n tmazight tatrart et enfin d’un recueil de “Prénoms amazighs” signé M. A. Haddadou pour lequel sera consacrée la présente note de lecture.Dans ce livre de 192 pages, plus de 1100 prénoms berbères de l’antiquité à nos jours, avec leurs origines et leurs significations sont recensés. Les prénoms sont classés dans un ordre non alphabétique et numérotés de 1 à 1117, ce qui facilite la consultation. Elle est complétée en page 179 d’un index alphabétique de ces mêmes prénoms suivis de numéros qui renvoient à la numérotation. Dans son introduction, l’auteur du livre retrace l’histoire de l’onomastique berbère qui s’est étalée sur 3 périodes qui sont les périodes antique, médiévale (moyen âge) et enfin la période moderne. L’onomastique berbère de l’antiquité “provient pour l’essentiel des inscriptions relevées principalement sur les monuments funéraires…”, explique l’auteur du livre qui cite des exemples de prénoms à première vue indéchiffrables, tels que BXW, BWSN, KLL…qui font penser à des initiales d’une quelconque marque de notre époque moderne. En bon pédagogue, M. Haddadou explique “l’alphabet libyque ne notant pas les voyelles, on ne dispose en effet, que de la structure consonantique de ces noms…” c’est-à-dire des prénoms consitutés uniquement de consonnes en absence de toute voyelle, ce qui explique à notre sens le non-respect de l’ordre alphabétique signalé au début de la présente lecture. Certains groupes de consonnes sont déchiffrés, tels que MSNSN pour MASENSEN, GYY pour GAYAYA et par la suite le diminutif GAYA, MKWSN pour MIKIWSEN, pour ne citer ici que les prénoms les plus connus. La période médiévale s’étend de la conquête arabe à la fin du 8e siècle de l’ère chrétienne et son lot d’arabisation. Le célèbre voyageur du 11e siècle est cté, Ibn tumert dont d’origine du mot “Tamert” qui signifie “grâce”, “bénédiction” selon toujours les affirmations de l’auteur. C’est ainsi que l’on retrouve une panoplie de prénoms d’origine arabe, Rabah, Salah, Mabrouk Ferhat.Mais à la faveur de la revendication culturelle et linguistique après le soulèvement populaire d’Avril 1980, des prénoms quoique légendaires, qui ont disparu faute d’utilisation, renaissent de leurs cendres : Jugurtha, Syphax, Koseyla, Tileli, Tiziri, Tanina, Yuba, Amastan, Amayas…M. Haddadou, l’auteur du livre conclut son introduction sur une note d’espoir : “Le nom berbère a acquis droit de cité et, aujourd’hui comme dans les années héroïques du militantisme berbère, il reste un moyen puissant d’affirmer, voire de revendiquer son identité”. Mais comme la reconnaissance de la langue amazighe comme langue nationale et officielle a encore un long chemin devant elle, il existe dans beaucoup de régions du pays des officiers d’état civil zélés qui refusent les prénoms amazighs. Des références bibliographiques mondialement connues sont proposées à qui veut approfondir ses connaissances dans cette science des prénoms qu’est l’onomastique, les plus célèbres étant Ibn Khaldoun, Foucauld, Dallet, Basset, Chaker, Galand, Diehl, Chabot, Colin, Al Bakri Dardjini…

Mohamed Ouaneche

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