Accueil Culture «La culture amazighe mérite un fond de soutien»

«La culture amazighe mérite un fond de soutien»

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Président du jury depuis la première édition de la «Rencontre de la poésie amazighe de la Soummam», monsieur Bouallam Messouci, poète, traducteur et président d’«Agraw Imedyazen d’Akbou», nous parle dans cet entretien de l’ambiance et de la participation lors de ces rencontres et de son appréciation de la poésie kabyle.

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La dépêche de Kabylie: Dans quelle ambiance s’est déroulée cette quatrième rencontre ?

Messouci : Le jury est composé de cinq personnes ; entre enseignants à la faculté de Bgayeth, une licenciée, Malek Houd qui est auteur, poète et enseignant et moi-même. Nous nous sommes mis d’accord sur une palette de critères, sur la base desquels sont soumis une quarantaine de participants qui ont déclamé trois poèmes chacun; le concours comporte une partie orale (devant le public) et une autre écrite. Une condition principale a aussi été retenue : il fallait déclamer une œuvre inédite (de création), puis les textes sont corrigés par l’entremise de fiches anonymes, ni visages, ni noms et prénoms. Les épreuves ont durés jusque tard dans la nuit avec le souci de primer les meilleures œuvres.

Comment jugez-vous la participation ?

Probablement, la mauvaise météo et l’absence du réseau téléphonique ont influencé la participation. Cependant, la quarantaine de participants, venus de la Kabylie et des régions lointaines (Les Aurès, Ouargla, Oran et autres Tissemsilt…) est un bon indice. Aussi, nous avons noté la présence en bon nombre de femmes, ce qui augure d’une bonne trajectoire.

Pourquoi avoir récompensé un poème et non un poète ?

Il faut d’abord dire que l’objectif de cette rencontre est le rassemblement de la communauté des poètes. Et le concours n’est qu’une cerise sur le gâteau ; cette rencontre est une opportunité pour les poètes de se connaître et s’échanger leurs expériences. Après les Rencontres de Tizi Ouzou, pendant l’été et celles d’Adrar n Fad au printemps, la rencontre d’Akbou, qui se tient en hiver de chaque année, amorce la perpétuation des événements poétiques à longueur d’année. A travers le monde entier, la règle est la même. La thématique de cette année est «la poésie sans frontière, voyage au royaume de l’amour », ainsi seuls les poèmes proches de cette thématique et soumis à des règles académiques comme l’originalité la recherche lexicale, la lecture et la maîtrise de l’écriture amazighes sont aptes à être primés.

Quelle appréciation portez-vous sur le niveau de la poésie kabyle ?

La poésie kabyle est sans chaînes ; c’est-à-dire que ses règles sont à inventer comme les règles de l’écriture qui restent perfectibles. Tout art nécessite des règles. Les quelques poètes qu’on a restent pour la plupart peu connus. Certains sont chanceux ; ils diffusent leurs œuvres à travers la chanson. Pour d’autres, leurs travaux demeurent au stade de projets. En Kabylie, d’excellents poètes ne trouvent ni l’opportunité ni les moyens de briller.

Je vous laisse conclure…

Le manque de critique littéraire, digne de ce nom, est une tare qui empêche la mise en orbite de la poésie à la mesure des normes universelles. L’édition est un problème épineux ; elle est absente dans les écoles, absente dans les librairies. Ceci étant, la transcription des poèmes en kabyle est un moyen de sauvegarde de notre patrimoine. L’Etat a une responsabilité dans la promotion de notre culture ; il faut un fond de soutien à la création en langue amazighe, condition sine qua non pour une véritable réhabilitation de notre culture !

Entretien réalisé par Tarik Djerroud

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