L’art dans l’âme

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A quarante-huit ans, Kheirredine Hamiche garde l’âme de son enfance, curieuse et pleine d’émerveillement aux nouveautés du monde, prête à sacrifier son temps pour assouvir ses passions, désintéressée de tout gain matériel. Cet ancien enseignant, natif de la région de Tibane, porte dans son cœur des penchants sincères pour l’art, la création, la beauté. Tout petit, sa rencontre avec quelques pièces de monnaies dans le tiroir de son père a vite fait d’emballer son cœur. Du coup, il a construit une boite pour y cacher des pièces. Une première passion est née : collectionner des billets de banque et autres pièces de monnaies étrangères. De nos jours, il est difficile de trouver dans sa maison un coin sans billets. «Mes amis vivants à l’étranger me gavent occasionnellement», dit-il devant une armoire pleine de pièces. Aux billets, s’ajoutent les timbres, de toutes dimensions, de toutes les couleurs et de tous les pays du monde. Attentif, il a dans sa boite à pandore plus de milles figures tailladées et soignées comme si elles avaient une âme. «Les billets et les timbres racontent un florilège d’histoires. Figurez-vous que j’ai un long éventail de pièces de monnaies, retraçant toute la période dite Algérie française, qui enseignent les péripéties de cette nuit coloniale», indique-t-il. Jamais deux sans trois, jamais trois sans quatre ! Hamiche Kheirredine étoffe son répertoire avec deux dons personnels. La sculpture sur bois s’est greffée à son cœur en voyant son père «jouer» avec des morceaux de bois dans son atelier de menuiserie. Imitateur et fin orfèvre, Kheirredine singe d’abord son père avant de créer des formes. L’habitude s’installe et «la sculpture berbère» meuble son quotidien, chantant à chaque création cette soif de liberté et son goût allant crescendo vers de meilleures formes. Au lycée, il s’enivre de mots et compose instantanément des vers. Poète inspiré il écrit sans cesse des poèmes résolument tournés vers l’amour de la vie, avec un verbe écorché qui accompagne un quotidien tantôt mouvementé tantôt tourmenté avec ses excès et ses mesures. A bientôt cinquante ans, Kheirredine est constamment animé de cet appétit grandiose pour ses passions, jonglant d’un poème à une sculpture et papillonnant d’un timbre à un billet de banque, pour butiner quelque plaisir. «Ma maison est un musée dont les portes restent ouvertes à tout le monde», dit-il, le sourire aux lèvres, digne d’une invite, en voyant une ribambelle d’enfants ne boudant pas leur plaisir à admirer ces collections et ces créations.

T. D.

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