Par Abdennour Abdesselam :
Arezki Baroudi est devenu l’incontestable maître de la basse kabyle moderne. L’artiste s’est forgé en accompagnant de grands ténors de la chanson kabyle. Il joue de tous les instruments de la basse, de la plus ancienne à la plus moderne. Il passe de l’un à l’autre instrument, sans collision et, surtout, avec une aisance déconcertante. La magie de ses doigts et son ouïe très sensible n’ont d’égal que l’équilibre qu’il installe dans cette immensité musicale et instrumentale. Son regard, presque autoritaire, joue aussi le rôle du maître. Pour beaucoup d’initiés en la matière, Arezki est présenté comme l’équilibreur indispensable de l’ensemble orchestral. Imposant et vigilant, il guette et surveille toute fausse note éventuelle et l’efface sans que le chanteur ne s’en aperçoive et, encore moins, l’auditeur. Il arrive même que le chef d’orchestre, lui-même, ne remarque rien lui non plus. C’est là un des secrets de Baroudi, très difficile à percer. Il est le percussionniste de plusieurs artistes avec lesquels il noue une relation amicale et complice. Ceux que nous avons pu approcher, le décrivent comme étant un homme sincère, plein de bonté et de générosité. Il passe aisément de la batterie à l’amendayer et parfois à la derbouka. Ces instruments s’imposent en fonction du genre musical, du choix instrumental et du genre du chanteur. Mais, avec l’un ou l’autre, l’un et l’autre des instruments, Arezki Baroudi joue sur toutes les rythmiques, sur toutes les symphonies. Il nous donne la nette impression de faire de l’amendayer une forme d’identification et même d’identité de la chanson kabyle. Il en fait la marque déposée dans la chanson kabyle. Quand il joue de cet instrument de la basse traditionnelle, on pense, du moins nous le supposons, qu’Arezki cherche, d’une autre oreille, le son de la flûte cachée quelque part dans l’orchestre. Lorsque celle-ci est absente, l’artiste fait alors semblant de l’entendre tout de même… et la réussite jaillit.
Abdennour Abdesselam ([email protected])