Les vers pour dire !

Partager

l Quoiqu’aujourd’hui la poésie fonctionne selon un lectorat si limité, quoique la création dans la langue tamazight demeure un véritable engagement, puisque son public est très rétréci, le jeune poète kabyle Saïd Khaloua a gravé toutes ces entraves pour mettre sur le marché son premier ouvrage. Celui-ci s’intitule de poèmes écrits dans sa langue traduite dans la langue de Molière par Djamila Amokrane. Ce livre présente dans une ouverture formidablement conçue par Hocine Hettal, paraît un hymne à la paix et à l’amour aussi. Il contient trente-deux poèmes où fuse la voix de Saïd Khaloua dans un cri plein d’énergie adressé d’abord au Tout-Puissant le priant, le suppliant à mettre un terme, une bonne fois pour toutes à notre malheur en cette vie courte, mais affolée ! Voici d’ailleurs ce qu’il écrit dans son poème Vie insensée :La vie a tant changéElle penche trop vers la misère On voit triompher l’injustice Tel un fardeau, nous le portons Lourd sur nos épaules La vérité reste muette !

Ô toi qui comprends tout Donne, nous la solutionÔte-nous les peines Redonne à la vérité sa place Aujourd’hui, on s’étonneLe feu pend à ses pansChacun pense à sa misère Personne n’entrevoit sa traceSaïd Khaloua use de mots simples, faciles, pour dire des maux profonds et difficiles. Il parle de ce marasme mêlé au désespoir qui ronge jusqu’au trépas les jeunes de son âge, de la frustration d’amour non encore trouvé ou tout simplement perdu. Du reste pour transporter plus loin son message qui n’est que juste Saïd a pris part à nombre de manifestations par les associations culturelles Amezgun m djedjer et Amussant. Il est figuré aussi aux journées de poésie d’expression amazigh, Si Muhand U M’hand et Youcef Uqass. En 2003, Saïd Khaloua a choisi, pour s’exprimer et bannir ses peines, la poésie. Celle-ci procure la force, le courage et pour ses lecteurs et pour ses auteurs.Elle nous inculque les bonnes valeurs, la dimension du possible et la condition humaine. Somme toute, Tili N Usirem (sorti aux éditions El Amel de Tizi-Ouzou) mérite bien d’être lu.

Mohamed Aouine

Partager