Aomar Yahiatène sort son 2e album

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Les éditions Maâtkas Music viennent de mettre sur les étals le deuxième album d’Aomar Yahiatène. Un opus qui incite, en ces jours de fêtes, non à danser, mais à reconsidérer l’actualité et notre devenir.

Aomar Yahiatène, dont c’est le deuxième album, n’est pas un premier venu à la chanson kabyle, lui qui à son actif quarante-cinq tours à l’orée des années 70, exactement en 1973, ayant pour titre : «Nets wakreh s Idzayriyen», une chanson qui dénonçait le racisme outrancier de la patrie de Voltaire. Son opus contenant sept chansons se veut un état des lieux dans cette Algérie en quête de quiétude où les maux, sans ébranler l’espoir, se suspendent pour s’évanouir le plus tôt possible.

Le titre du CD, savamment révélateur, «A win yettrajun» (Ô toi qui attends), brosse le drame des désespérés qui n’arrivent pas à se prendre en charge ou à chercher des issues salvatrices. «Ne passons pas à côté de bonnes choses», semble-t-il leur signifier. Cet artiste à la voix pleine de sensibilité est avant tout poète. Il est de ceux qui scrutent la société pour dévoiler et dénoncer ses travers. «Ay ɣer albaz» porte un regard sévère mais lucide sur l’hypocrisie qui anime les gens sans scrupules. Que se fût-il passé pour qu’un faucon se fasse ou se laisse humilier.

Aomar Yahiatène, subjugué par les chants de la meule et du berceau et féru de musique, qu’elle soit kabyle, chaâbi, orientale ou tout simplement universelle, a eu l’extrême sagacité de mettre en musique une légende, ô combien significative, celle consacrant le courage conjugué à la foi de nos mères. Il s’agit de Taqsit n’ Sidna YaƐla, ce fils unique qui dut se sacrifier pour une cause juste. L’autre chanson au thème d’actualité en cette période estivale est «Nets wakreh s les émigrés» (Nous, émigrés détestés). C’est une chanson qui dresse ce constat amer qui fait que ceux que les aléas de la vie ont poussés à vivre sous d’autres cieux se voient honnis par ceux qui sont censés les accueillir et tournés en dérision par ceux qui les accueillent dans leur pays d’origine.

Ainsi donc, Aomar Yahiatène nous invite par sa chanson «Houria» à reconquérir nos libertés confisquées pour jouir pleinement de nos amours dans cette Algérie en continuel combat. Sur le plan musical, il est à relever qu’en tant que perfectionniste et féru des sonorités pures, Aomar, dont l’instrument de prédilection est l’accordéon, s’est interdit d’introduire des instruments qui pervertissent les airs. C’est un travail qui dénote le souci de faire un produit de qualité. «Si j’ai enfin consenti à réinvestir un studio d’enregistrement, c’est en grande partie grâce à mes amis qui n’ont jamais arrêté de me demander depuis de longues années de mettre en chantier ce produit musical. Je leur suis reconnaissant de m’avoir redonné jeunesse», se confiera-t-il.

Il reste que le piratage, ennemi de la création artistique, fait peser des doutes à l’artiste, sûr de son travail, qui pense que ce phénomène ne doit nullement se dresser devant les inspirations et les élans d’un chanteur qui n’a pu produire son œuvre qu’au prix de moult sacrifices.

Ali Boudjelil

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