Averray, une technique ancestrale

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C’est une technique très répandue dans les villages de Kabylie depuis des millénaires. Savoir manipuler «Averray» fut longtemps un préalable pour toute jeune fille.

Averray est une technique manuelle de triturer les olives afin d’obtenir de l’huile. C’est en quelque sorte, une huilerie manuelle à la portée de toutes les familles. Mais, sa conception et son utilisation mérite que l’on s’y penche sérieusement pour comprendre le géni qui l’a mise en place. De nos jours, Averray n’est plus utilisé.

Certaines vieilles personnes s’en souviennent encore. Certaines roches portent encore les traces et sont visibles à proximité des villages. Les anciens utilisaient cette technique à base de pierre uniquement pour triturer les olives afin de produire de l’huile utilisée pour l’usage quotidien. Généralement, réservée aux femmes, Averray produit de petites quantités en attendant la fin de la saison et la récolte de l’huile au niveau des huileries tout aussi traditionnelles.

Pour ce faire, les anciens recherchaient des rochers qui ont un sommet plat et qui ne sont pas très élevés. Cela permettait aux femmes de monter et descendre sans difficulté. Ils veillaient toujours à ce que cet endroit ne soit pas éloigné. Question de sécurité. Une fois l’endroit repéré, l’on creusait un trou sur la surface du rocher. Un diamètre de trente à cinquante centimètre était l’idéal en plus d’une profondeur de même dimension.

Cela permettait à un autre outil, toujours fait à base de pierre, d’être utilisé. Une pierre ronde, généralement sculptée pour estomper les angles. Introduite à l’intérieur du trou, celle-ci avait juste un peu d’espace de chaque côté pour pouvoir tourner dans tous les sens. Son poids permettait aux femmes de la manier et également d’écraser les noyaux d’olives. Jadis, le travail de trituration à Averray, l’objet donne aussi son nom au lieu, se faisait en groupe. De nombreuses femmes âgées supervisaient le travail effectué par de jeunes filles encore vigoureuses. Manier la pierre ronde nécessitait des bras forts.

D’autres jeunes filles ramenaient de l’eau des fontaines ou des rivières environnantes. La technique nécessitait aussi l’utilisation de l’eau pour séparer l’huile de la margine. Aux alentour des rochers, l’ambiance était toujours festive. Cette caractéristique est générale à tous les travaux effectués en groupe dans la société berbère. De vieilles femmes se rappellent qu’il y avait même des chants mystiques appelés Tivouhgarine pour accompagner le travail des jeunes filles.

En fin de journée, chaque famille possède les quantités d’huile d’olive qui lui permette d’attendre la fin de la saison. L’huile extraite est utilisée pour la consommation quotidienne mais pas seulement. Les vielles se souviennent encore des techniques de fabrication de savon à base de sédiments obtenus par l’écrasement des graines. Ces sédiments obtenus étaient également utilisés comme des crèmes de peau par les femmes. D’autres substances étaient récupérées par ailleurs pour servir de remèdes à de nombreuses maladies. Les anciens vivaient en harmonie avec la nature, une sorte de contrat gagnant-gagnant liait les deux parties.

Akli N.

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