Aziz Degga rejoint le comité central des ancêtres

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Par S Ait Hamouda

La nouvelle est tombée comme un couperet, mettant en émoi ceux qui aimaient l’artiste et imitateur. Le comédien Aziz Degga est décédé hier à l’âge de 74 ans. Il nous a fait une énième farce, dont il avait le secret, comme dans un de ses «one man show». Il avait la voix de Kateb Yacine, qui le fit jouer au «Théâtre de la mer» puis à «Action culturelle des travailleurs».

Un peu plus tard, il rejoignit la cinémathèque sans couper les liens avec son vrai métier d’acteur, campant le rôle de Moh Smina dans «Omar Gatlatou» en 1976, «Cri de pierre» en 1987, «Le clandestin» en 1988 et «Morituri» en 2007. C’était un artiste très discret, humble et disponible. Il a imité Kateb Yacine, Himoud Brahimi dit « Momo », Issiakhem et tant d’autres artistes, mais des politiciens aussi.

Il aimait les contes pour enfants, parce que, disait-il, «il faut garder son âme d’enfant, c’est la meilleure façon de se réconcilier avec le rêve que l’adulte perd au fur et à mesure qu’il avance dans l’âge. Sans le rêve, c’est l’aridité spirituelle et intellectuelle, c’est le gouffre noir car la réalité chez nous a dépassé la fiction». Plusieurs générations le suivaient, l’aimaient, car les faisait rire aux larmes. Le tragicomique était une seconde nature chez lui.

Il avait un bagou inimitable, il savait se faire écouter sans effort, excellait dans l’art de raconter les blagues, il les fabriquait, emballait et ficelait, à mettre son auditoire dans tous ses états. Mais le plus grand mérite de Aziz fut de n’avoir jamais songé à quitter le pays, en quête d’un havre de paix, sous un ciel plus clément envers les artistes. Il avait un sens aigu du travail. Il est resté pour ses concitoyens, pour l’amour de l’art, pour son pays. Aujourd’hui, il a rejoint un monde qu’on lui souhaite meilleur. Au-revoir Aziz Degga et merci.

S. A. H.

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