Ecran noir à la salle Mizrana

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La salle de cinéma Mizrana de la ville de Tigzirt est située en plein centre-ville. Elle se trouve au confluent de plusieurs axes y compris ceux venant des communes voisines. Dans les années d’or du cinéma, cet espace était très animé mais aujourd’hui, hormis quelques expositions de livres, le rideau ne se lève plus. La projection des films a cessé. C’est l’écran noir. Les cinéphiles de la ville d’Iomnium et ceux des communes voisines, comme Mizrana, Iflissen, Boudjima et Makouda, n’ont plus d’espace où regarder un bon film, comme au bon vieux temps. Il faut savoir que cet espace a été très bien tenu et entretenu par un vieil homme très apprécié.

Les gens l’appelaient Ringo. Aujourd’hui, ce cinéphile, qui a fait vivre le 7e art dans cette cité du littoral, est décédé. Un silence de cathédrale règne depuis sur les lieux, surtout que les occasions d’y voir une animation sont rarissimes. En fait, les raisons évoquées pour expliquer cette situation sont nombreuses. La plus importante reste l’état du 7e art pas à Tigzirt uniquement mais dans tout le pays. Aussi, il ne faut pas oublier que beaucoup de gens se sont mis aux nouvelles technologies. Pour regarder un film ou une série, il suffit de faire un clic sur son téléphone portable.

Mais qu’en est-il de ce sentiment que procure le fait d’acheter son ticket et d’aller s’asseoir dans une salle obscure, en attendant le début de la projection. Les cinéphiles disent que c’est incomparable. Reste que le cinéma est victime d’une politique nationale, qui n’a pas su trouver le mécanisme idoine pour maintenir les salles en activité. Jadis, dans les années 1960, celles-ci étaient toutes tenues par des privés.

L’industrie du cinéma était encore rentable et vivait des rentes des productions. Par la suite, les communes ont été chargées de prendre ces espaces dans le cadre de la nouvelle politique de nationalisation. Et le résultat est là pour témoigner de la situation catastrophique du cinéma algérien. Ainsi, presque toutes les salles du pays ont fermé à l’exception de quelques-unes qui résistent encore dans les plus grandes villes. De nos jours, les cinéphiles d’Iomnium n’ont donc plus qu’à contempler le dernier beau spectacle que leur offre leur petite et paisible ville, en l’occurrence le coucher de soleil. T

ous les après-midi, on les retrouve dans les cafés à faire des mots croisés, relater leurs souvenirs ou parler des films westerns, indiens et autres chefs d’œuvre des années d’or du 7e art. Entre-temps, au cinéma Mizrana, c’est hélas l’écran noir.

Akli N.

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