Il était une fois le marché du jeudi…

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Il n’y a que les vieux qui se souviennent du marché de Boudjima. À l’endroit où il se tenait chaque jeudi, s’élèvent de nos jours des bâtiments et des milliers de logements.

Les allées qui séparaient les stands sont aujourd’hui recouvertes de bitumes et bordées de trottoirs. De nos jours, on n’entend plus les cris des vendeurs mais des klaxons provoqués par les embouteillages qui se forment aux intersections de cette petite ville. Jadis, l’on voyait affluer vers cette petite bourgade, des marchands de toutes les régions de la wilaya, voire de toute l’Algérie.

Des vieux interrogés se souviennent des marchands venant du Sud et du Maroc. Les populations locales vivaient de ce lieu qui permettait l’échange, l’achat ou le troc de produits divers. Vivant de l’agriculture de montagnes et de quelques métiers traditionnels, celles-ci trouvaient en ce marché une occasion en or pour écouler leurs produits pour se faire de l’argent. Ce marché très connu était classé parmi les plus grands carrefours marchands de toute la Kabylie. Le client pouvait trouver tous les produits qu’il recherche.

L’existence de ce marché permettait aussi l’expansion de l’activité agricole de montagne. Les gens pouvaient écouler l’huile d’olive produite localement ainsi que tous les produits de leur terre. Ce qui faisait vivre un grand nombre de familles. D’autres activités tenaient place dans ce marché. Il s’agit des métiers comme le maréchal-ferrant, l’arracheur de dents et autre guérisseur ou vendeur de substances médicinales. Quelquefois venaient aussi des magiciens. Les vieux se souviennent avec nostalgie des coiffeurs qui tenaient place au marché. Mais hélas, aujourd’hui, ce marché ancestral a disparu.

Les conséquences de sa disparition sont vite ressenties sur la vie économique et commerciale locale. Une perte colossale pour la commune de Boudjima qui perd une source inépuisable de revenus fiscaux. D’autre part, sa présence au niveau local, sera un lieu où les producteurs locaux écouleront leurs marchandises constituées essentiellement de l’activité agricole et d’élevage.

Le développement de l’activité économique va de paire avec l’activité commerciale et la disparition du marché est un frein qui a conduit au déclin de l’activité agricole locale. Enfin, au-delà de son rôle économique, le marché joue un rôle éminemment sociologique. Jadis, c’était là qu’étaient annoncées les dates des fêtes religieuses que les «berrahs» annonçaient. Et c’était là aussi qu’on se faisait inviter aux fêtes familiales et qu’on réglait des affaires. En somme, le marché hebdomadaire était un canal de communication par excellence.

Akli N.

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