«Je m’éloigne des contraintes qui oppriment»

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En marge de son vernissage à la Maison de la culture, Amar Amarni dévoile dans cet entretien, les secrets de son travail.

La Dépêche de Kabylie: Vous avez fait trois séries de tableaux traitant respectivement de la décennie noire, de l’enfance et de la main. Quel est le lien?

Amar Amarni : C’est lié à des périodes que j’ai vécues, à des sensations. J’ai par exemple revécu mon enfance à travers les tableaux que j’y ai consacrés, sans regrets ni nostalgie. C’est tout ce que je porte en moi qui se manifeste dans ma production artistique, pas seulement en peinture, mais aussi dans la musique et les films. Une façon de m’éloigner des contraintes morales et sociales qui oppriment la fraîcheur de l’enfance et de l’innocence.

Et concernant la décennie noire ?

La décennie noire, je l’ai vécue, comme des millions d’Algériens. Une immensité de sensations qu’on ne peut pas refouler. Pour moi, en parler fait partie du processus thérapeutique. Nous avons tous vécu un traumatisme. Il y a des scènes évocatrices, il y a des images, ce n’est pas destiné à des personnes bien précises, pas forcément à cette fille de Bentelha. C’est une sorte d’hommage à toutes les victimes et à tous ceux qui ont vécu ce traumatisme. Dans la série qui parle d’autodestruction, l’objectif est de responsabiliser l’homme par rapport à ses actes. C’est ce qu’évoque cette exposition qui est un fragment de «Amart-expérience» (Amar, art et expérience).

Pourquoi avoir utilisé le papier kraft ?

J’ai toujours utilisé le papier kraft. Je peux mixer plusieurs techniques sur ce support. Il a également la caractéristique d’absorber la matière, ce qui permet de mélanger ses médiums avec facilité pour donner forme à des images ou à des idées.

Avez-vous exposé à l’étranger ?

J’ai en effet exposé en Espagne, en France, en Finlande, en Allemagne, en Tunisie. J’ai aussi maintes fois exposé à Alger, mais c’est la première fois que j’expose chez moi et je suis très heureux.

Parlez-nous de vos débuts…

J’ai fait mes premiers cours de dessin à 14 ans, à la Maison de la culture de Tizi-Ouzou, mais j’ai commencé à dessiner depuis l’âge de 3 ans. J’ai suivi des cours avec le défunt Hocine Hettal. J’ai fait une année de dessin et à l’époque j’ai vu de très belles expositions. Je me rappelle notamment une exposition qui m’a marqué, même si je ne me souviens plus de l’artiste.

Dites-nous un peu plus sur vos autres activités, le spectacle de samedi (aujourd’hui ndlr)…

Pour la première partie, ce sont mes films artistiques qui seront projetés. Dans la deuxième, ce sera du chant et au milieu de tout ça il y aura une invitée surprise. Une artiste croate, qui s’appelle Jasmina Petrovic, me rejoindra pour un duo qui s’intitule «La spirale du temps». Ce projet est le fruit d’une rencontre artistique et humaine. Il repose sur deux voix et un ou deux instruments maximum. La chanson est inspirée de mon patrimoine berbère et de la culture de Jasmina.

Vos projets ?

J’en ai plusieurs. Certains sont à mi-chemin. Je suis aussi en train de travailler sur un nouvel album qui sortira prochainement. Je pense que ça va être une belle aventure et je continue à raffiner cette «expérience d’Amar» pour la parfaire, esthétiquement et artistiquement.

Entretien réalisé par Sonia Illoul

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