«Je m’intéresse au détail…»

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Avec ses œuvres originales et sa touche personnelle, Fadhila Chatbi, photographe professionnelle, rend hommage à travers ses clichés aux personnes qui exercent une activité manuelle. Un travail de longue haleine qu’elle compte présenter dans sa totalité dans une prochaine exposition.

Dans cet entretien, elle parle de sa passion et du 3e prix décroché lors de la première édition du Salon de la photographie de Tizi-Ouzou.

La Dépêche de Kabylie : Pouvez-vous nous parler de vos débuts dans la photo ?

Fadhila Chatbi : J’ai suivi une formation de 2003 à 2005 au centre de formation professionnelle et d’apprentissage de Tala Allam, et par la suite, j’ai travaillé en tant que photographe dans une agence, actuellement je travaille à mon compte. Un jour en feuilletant un magazine, j’ai vu une photo magnifique prise par un grand photographe représentant une vieille femme, ça m’a donné le courage d’exercer ce métier et de faire des recherches poussées dans le domaine.

Quel genre de photos préférez-vous prendre ?

Je prends différentes photos mais je préfère les portraits et les plans rapprochés. Je m’intéresse au détail pour faire sortir la texture des mains et l’expression du visage du sujet. J’aime également mémoriser des séquences.

Vos clichés ont une touche d’originalité. Où trouvez-vous l’inspiration ?

L’inspiration, je la trouve dans ma famille, dans la rue et dans la vie de tous les jours.

Vous avez participé à des événements et concours en Algérie et à l’étranger. Quel effet ça vous fait d’exposer au 1er Salon de la photographie organisé à Tizi-Ouzou par la direction de la culture ?

Effectivement j’ai participé à des expositions et concours entre autres au centre culturel français à Alger et au concours organisé par la revue Paris match Afrique. Le salon de Tizi-Ouzou est une première et c’est une bonne chose, c’est un moyen de faire des rencontres et une aubaine pour apprendre d’avantage auprès d’autres photographes. Dans ce métier, on apprend toujours. J’espère qu’il y aura d’autres éditions pour encourager les autres photographes à se montrer. Ça m’a fait plaisir de prendre part à cet événement pour faire partager ma passion avec les autres. La photo est un partage, ce n’est pas quelque chose qu’on garde pour soi. Ce salon est une occasion aussi de découvrir les différents thèmes abordés. J’ai eu la possibilité également de connaître d’autres photographes comme la jeune fille qui a remporté le 2 e prix. Elle a fait un travail remarquable.

Lors de ce salon, vous avez exposé deux photos en noir et blanc, dont «entre génération» l’œuvre avec laquelle vous avez décroché le 3e prix au salon. Pouvez-vous nous en dire plus ?

La photo avec laquelle j’ai eu le prix que j’ai intitulée «entre génération», représente la l’enfance et la vieillesse. La main d’un père (mon père) qui est en train de protéger son petit-fils de la vie dure pour dire qu’un bébé est synonyme de fragilité et de sensibilité.

Pourquoi avez-vous choisi le noir et blanc ?

C’est beaucoup plus pour faire ressentir la dureté de la vie, le noir et blanc souligne les lignes, accentue les ombres et les lumières sur les sujets tout comme il suggère une nostalgie. Le noir et blanc permet de délivrer rapidement le message mieux que la couleur ne le fait. Par exemple, sur la main, on voit sur la photo la texture et les marques du dur labeur manuel. Même si on ne voit pas le visage les mains peuvent exprimer énormément de choses.

Pouvez-vous nous parler des conditions dans lesquelles vous travaillez ?

Au début ce n’était pas facile pour moi en tant que femme : avant c’était un métier exclusivement masculin, j’ai eu à affronter le regard des gens mais j’ai tenu bon, je n’ai jamais baissé les bras. Quand on est passionné et on a de la volonté, ça nous pousse à aller de l’avant et à affronter tous les obstacles. Actuellement, les femmes ont leur place dans la photo.

La photographie est-elle un métier d’avenir ?

Pour moi, c’est un art avant être un métier. On peut gagner son pain avec.

Quelles sont les qualités que doit avoir un photographe ?

L’œil et la passion. Il faut aimer pour exercer la photo. Pour moi c’est une passion et c’est un métier que j’adore. Je gère une agence de communication mais je suis toujours restée dans le même domaine.

Des projets en perspective ?

Je suis sur un projet d’une grande exposition qui est en cours de réalisation et à travers laquelle je rendrai hommage à toutes les personnes qui exercent un travail manuel, toujours dans le thème des mains. C’est un travail de recherche que j’ai commencé depuis un moment, il y aura des photos en couleur et en noir et blanc. Je vais exposer mes œuvres en premier lieu à Tizi-Ouzou ensuite à Alger et pourquoi pas à l’étranger.

Entretien réalisé par Sonia Illoul

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