Le douloureux vécu de Khadidja Djama

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Invitée par l’association culturelle Amgud samedi dernier, Khadidja Djama, animatrice à la chaîne 2 de la radio nationale et écrivaine, a présenté son livre intitulé Rescapée du conflit algéro-marocain, paru aux éditions Achab.

D’emblée, l’écrivaine révèlera : «C’est mon histoire. Je suis née au Maroc d’un père algérien (kabyle) et d’une mère marocaine. Après la deuxième guerre mondiale, mon père, mobilisé par la France coloniale, rentre au Maroc et il se marie avec ma mère en 1952. Tout allait bien, puis il y eut le conflit de 1963 qui rompit cette vie calme au sein de nombreuses familles des deux côtés.

En 1967, alors que je n’avais que trois ans, nous fûmes tous expulsés par le régime marocain à cause du conflit algéro-marocain. Là, tout a basculé». La conférencière reviendra sur les moments douloureux vécus par les expatriés des deux pays. «C’était pour nous un déchirement… Arrivés en Kabylie, plus précisément à Djemaâ Saharidj, nous avons alors entamé une nouvelle vie. Nous avons vécu des moments de frustration, séparés de nos oncles maternels et nos voisins au Maroc.

En Algérie, nous étions rejetés, on nous considérait comme des étrangers, on appelait ma mère Tamarukith (la Marocaine). Elle fut insultée et méprisée par les habitants du village». L’animatrice de radio dira avoir tout pardonné aujourd’hui. Dans ce livre autobiographique, Khadidja Djama parle de ses premiers pas dans la société, puis son engagement et ses combats sur tous les fronts.

«Ce livre est un hommage à ma mère, à toutes les femmes qui m’ont soutenue. Mais ce n’est pas seulement mon histoire, c’est celle de toutes ces personnes des deux pays qui ont subi l’exil et le rejet. J’avais de la peine pour ma mère qui subissait brimades et insultes. Je me souviendrai toujours de ce qu’elle a enduré lorsqu’elle est arrivée en Algérie, alors qu’elle revenait à son pays natal.

Mais j’ai eu la chance d’étudier et je suis fière de retracer cette époque de notre vie. Mes pensées vont à celles qui n’ont pas cette opportunité de s’exprimer, cet ouvrage leur est dédié», dira l’intervenante. Dans ces 224 pages, le lecteur peut donc découvrir l’histoire de cette famille algéro-marocaine qui illustre les rapports mouvementés entre les deux pays.

Après la présentation, l’écrivaine s’est prêtée à une séance de dédicaces, répondant au x questions de l’assistance nombreuse. Khadidja Djama est diplômée de l’université d’Alger. Elle a obtenu une licence en sociologie en 1987 et un magister en sociologie culturelle en 1993.

Elle a poursuivi ses études à Amiens (France) à l’Institut des Langues Etrangères et Appliquées, Université Jules Verne de Picardie. En 1996, elle obtient un DESS en techniques de la communication. En février 2017, elle couronne son parcours universitaire d’un doctorat d’Etat en sociologie. Depuis 1989, elle anime et produit des émissions à la radio algérienne, notamment la chaîne 2.

Amar Ouramdane

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