La mémoire n’est pas bien conservée dans la wilaya de Boumerdès. C’est le moins qu’on puisse dire d’une région riche en histoire et en sites archéologiques. Et pourtant, il est impératif de protéger le legs matériel ou spirituel d’hommes ou de communautés pour en assurer la pénénité. Brahim Merad, ancien wali, avait qualifié Boumerdès de wilaya “sans esprit”. Et pour cause, l’absence d’un musée dans la région a fait que le patrimoine, les trésors trouvés ou l’histoire de la région sont préservés ailleurs.
Le projet de réalisation d’un musée, inscrit en 2010, est tombé à l’eau et personne n’en parle . Pourquoi un tel silence sur un projet aussi important qu’un musée où sera protégée l’histoire de Boumerdès, l’ex-Rocher noir, la première ville à abriter le GPRA ? En 2008, un important trésor de 703 pièces de monnaie fut découvert par un habitant alors qu’il s’attelait à des travaux d’aménagement dans son domicile familial, à Legata. À défaut d’un musée, ce trésor, datant de l’époque fatimide, fut acheminé vers un musée de l’Algérois. Selon un militant d’une association culturelle locale, ce trésor marque la présence de la dynastie des Fatimides dans le grand Maghreb entre l’an 909 et 1171.
D’ailleurs, même le film-documentaire Tedlis, réalisé par le jeune Salah Boufelah, évoque le règne des Fatimides dans cette région balnéaire qui s’étend jusqu’à Tigzirt. Contacté, le réalisateur Boufelah dira que d’autres pièces de monnaie- environ une vingtaine- ont été découvertes au château de Béni Hamad et acheminées vers le musée de Cirta, dans la wilaya de Constantine. Le prince El-Mouiz avait été nommé gouverneur de Dellys par le souverain El-Mansour de Béjaïa, vers 1014.
Les Hamadites se sont installés dans la région et développèrent le commerce dans les trois ports de la région qui s’étale de Dellys à Zemmouri. Des sites historiques remontant à l’ère romaine ont été découverts à Zemmouri, à Dellys et Issers, retraçant ainsi le règne de rois romaines qui ont bâti des cités et faisaient prospérer le commerce. Des monnaies romaines ont été aussi découvertes, notamment à Chabet El Ameur, mais elles n’ont pas été remises aux autorités concernées. Le manque de conscience chez certains citoyens fait que des trésors disparaissent ou tombent dans les mains de vendeurs d’objets d’arts. Le manque d’associations culturelles s’occupant de l’histoire fait que le patrimoine n’est pas suffisamment protégé.
Youcef Z.